La Thaïlande est-elle un pays contrôlé par la famille Shinawatra ? Impossible de ne pas s’interroger après le remaniement gouvernemental survenu ce week-end. A l’évidence, le premier ministre Srettha Thavisin, intime de la famille du milliardaire, a reçu des consignes avant de nommer ses nouveaux ministres. L’heure n’est plus aux manœuvres cosmétiques pour dissimuler le retour en force du parti Pheu Thai sur la vie politique du pays. C’est désormais acté. Thaksin, après une vingtaine d’années d’exil, est redevenu incontournable. L’idée d’une retraite pour cet ancien premier ministre toujours aussi avide de pouvoir et d’influence est juste impensable.
Retour donc à la case départ. Cette mainmise des Shinawatra sur la politique du pays va-t-elle se faire sans résistance du côté des forces armées ? Un deal a-t-il été conclu ? Ou bien va-t-on assister, sous peu, au retour des tensions caractéristiques de l’énervement XXL au sein de l’État-Major ?
Pour le moment, la cible des Généraux et de leurs protecteurs est toujours le parti Move Forward, relégué dans l’opposition et en attente de la décision de la Cour constitutionnelle, le 3 mai. Sa dissolution ouvrirait la voie à une nouvelle confrontation entre Thaksin et ceux qui n’entendent pas lui céder tout le pouvoir. L’autre royaume est en effervescence. Tout se passe derrière les paravents des palais du pouvoir. Mais il arrive, en période de turbulences politiques, que les paravents tombent…
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Il est quasiment certain qu’il y a eu un “deal” entre Thaksin, le Palais et la Junte en costard. Le retour de l’ancien PM et bientôt de celui de sa sœur a un prix : la compromission du Pheu Thai avec “l’establishment Jaune”. Le pardon par le monarque ainsi que l’hospitalisation, sans passer par la case prison, sont la compensation pour mettre à terre politiquement le parti Move Forward. Les militaires ont tout intérêt à maintenir et à consolider la Monarchie, afin de continuer à tirer les ficelles derrière la scène. Cela a toujours été. Aucun coup d’état, ces dernières décades n’ont pu se faire sans “l’aval” du Palais. Avec une succession plus ou moins “compromise” et une dynastie fragilisée, même les “bannis royaux” ont eu la permission de rentrer… Il y a comme une atmosphère de fin de règne !
En Thaïlande, il y a un roi ; le roi dispose de l’armée. Il décide “en son conseil”. On l’a bien vu, en 2006 et en 2014…