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GAVROCHE – ROMAN: Dans nos archives la «Fille qui aimait les nuages» épisode 8

Journaliste : Patrice Montagu-Williams
La source : Gavroche
Date de publication : 01/06/2020
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Vous êtes désormais accro aux aventures de Anh Hùng, membre du Bureau Politique du Parti communiste vietnamien, venu à Paris à la tête d’une délégation chargée de négocier un important contrat d’armement naval. Il vous tarde de savoir ce qui va arriver, dans ce quartier asiatique de Paris riche de souvenirs et de chausse-trappes à sa fille, Ai Vân, « la fille qui aime les nuages ». Une seule solution: plongez de suite dans la lecture du huitième épisode de notre roman feuilleton exclusif signé Patrice-Montagu Williams ! Et retrouvez l’intégralité des épisodes de ce passionnant récit ici.

 

Résumé de l’histoire et de l’épisode 7: Anh Hùng, membre du Bureau Politique du Parti communiste vietnamien, est venu à Paris à la tête d’une délégation chargée de négocier un important contrat d’armement naval. Sa femme, Mai, et sa fille, Ai Vân, « la fille qui aime les nuages », l’accompagnent. Hai, le policer français chargé de la protection des deux femmes lors de leur séjour à Paris, présente Ai Vân, qui vient de découvrir que son père avait été un bourreau, à sa mère. Cette dernière, bouddhiste pratiquante, conseille à Ai Vân, le pardon. Hai et Ai Vân deviennent amants. Raison de plus pour qu’Ai Vân ne veuille plus rentrer au Vietnam…

 

Episode 8 / Un roman exclusif de Patrice Montagu-Williams

 

Anh Hùng et sa femme sont attablés au La Bauhinia, l’un des restaurants de l’hôtel Shangri-La. L’immense verrière des années trente, qui surplombe la salle, leur donne l’impression de dîner dans un jardin d’hiver.

 

La journée a été longue. Le contrat avec les Français est enfin prêt. Ne restent plus que les signatures officielles des deux premiers ministres, une formalité qui se déroulera soit à Paris, soit à Hanoï, en fonction des emplois du temps de chacun. Les parties ont décidé d’accorder beaucoup de solennité à cet accord. Il s’agit de faire comprendre à « ceux du Nord », comme on appelle les Chinois sans les nommer, que le Vietnam entend faire respecter sa souveraineté en mer de Chine méridionale. Il faut faire vite : plus le temps passe, plus le Dragon devient menaçant.

 

Gambas de Madagascar

 

Le menu est raffiné et ils ont du mal à faire leur choix. Finalement, ils commandent des gambas de Madagascar marinées servies avec une salade de mangue et papaye vertes, comme entrée, et, comme plat principal, des brochettes de cuisses de volaille jaune accompagnées de riz biryani.

 

— Où est Ai Vân ? demande soudain Anh Hùng à sa femme alors que le garçon vient de leur apporter les desserts : un millefeuille pour Monsieur et une Forêt Noire pour Madame.

 

— Elle est partie ce matin avec cet inspecteur et, depuis, plus de nouvelles. Son portable ne répond pas.

 

— Je n’aime pas ça, Mai, répond-il. Tu aurais dû les accompagner.

 

— J’étais fatiguée et puis je voulais monter à la Tour Eiffel. Mais il y avait trop de Chinois dans la file d’attente, alors je suis allée me promener au Champ de Mars. Je me suis assise sur un banc et j’ai regardé les enfants faire de la balançoire. Il y avait aussi des familles de canards, de cygnes et de poules d’eau qui barbotaient dans une grande pièce d’eau, non loin d’une grotte.

 

Où est passée Ai Vân ?

 

À minuit, Anh Hùng réveille Huyên.

 

— Ma fille n’est toujours pas revenue à l’hôtel. Tu as vraiment intérêt à la retrouver. Sinon, je m’occuperai tout spécialement de toi à ton retour au Vietnam. Et tu sais ce que ça veut dire…

 

— Ce sont les Français qui devaient se charger de sa sécurité, répond l’agent du TC2.

 

— Non, c’est toi.

 

°°°°

Il n’a pas dormi de la nuit, ni Mai non plus, alors, quand le téléphone qui se trouve sur sa table de chevet se met à trépigner, il se jette sur l’appareil et le fait tomber. Il se lève en jurant, ramasse le combiné et décroche. La voix lui apparaît lointaine. Le débit est saccadé.

 

— Papa, c’est Ai Vân. Je voulais juste te dire que j’ai appris ce qui se passait vraiment à Lăng Cô, le camp que tu dirigeais. Je ne retournerai pas dans un pays qui a fait de mon père un bourreau, dit-elle. Voilà. Préviens maman aussi, je vais raccrocher.

 

— Attend, Ai Vân. Je ne vais pas chercher à me défendre, mais j’ai quelque chose à te dire, quelque chose d’important.

 

Et il lui parle du projet qu’il a de venir s’installer en France, avec sa mère et elle. Les Français sont d’accord, lui dit-il, et ils s’en occupent, surtout maintenant que le contrat est signé.

 

— Je voulais vous en parler, à toutes les deux à notre retour à Hanoï, quand j’aurai été certain que tout allait se passer comme prévu.

 

Ai Vân ne répond rien et raccroche.

 

Une mère furieuse

 

Mai s’est levée et se plante devant son mari. Elle a l’air furieuse et n’arrive pas à contrôler les tremblements de ses mains. Il ne l’a jamais vue comme ça.

 

— Tu aurais pu me demander mon avis, Anh Hùng ! Jamais je n’irai vivre en France. Jamais, tu m’entends, jamais je ne quitterai mon pays, hurle-t-elle avant de courir s’enfermer dans la salle de bains.

 

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