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GAVROCHE – ROMAN: «L’impératrice Rouge», le troisième épisode d’un polar à ne pas manquer…

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 02/05/2021
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C’est reparti pour un troisième polar-feuilleton écrit par notre auteur fétiche, Patrice Montagu-Williams, auteur de la série du «Commissaire Samarcande». Cette fois, «l’impératrice rouge» nous amène aux confins du Triangle d’or…Place à l’épisode 3.

 

« L’Impératrice Rouge » : un roman inédit de Patrice Montagu-Williams

 

L’intrigue
Les saisies de drogue atteignent un niveau record dans le 13ème arrondissement de Paris. Cette drogue proviendrait du fameux Triangle d’or, cette zone frontalière située entre la Thaïlande, la Birmanie et le Laos. Quel est le rôle exact de la Chine et de ses services secrets dans cette affaire ? Et qui est exactement cette Impératrice Rouge, somptueuse et tragique femme vampire, qui serait le chef d’orchestre occulte de ce trafic ?

 

L’agent très spécial Ly, de la DGSE, est envoyé en Thaïlande pour régler le problème, par tous les moyens. Persuadé, comme le dit Sartre, qu’on ne peut vaincre le mal que par un autre mal, il vivra une histoire de passion, de folie et de trahison.

 

Rappel de l’épisode 2 : Depuis quelques temps, la drogue inonde le 13ème arrondissement de Paris. Les policiers arrêtent un Chinois. Lors de son interrogatoire, le suspect avoue qu’il est un agent en service commandé chargé de faire passer aux autorités françaises le message que la Chine pouvait mettre fin au trafic.

 

Épisode 3 : Un poker si menteur

 

Nanterre, 101 rue des Trois-Fontanot, neuf heures du matin. Un homme pénètre dans un immeuble banal. De chaque côté de l’inscription « Ministère de l’Intérieur », au-dessus de l’entrée, des caméras sont accrochées. L’individu est grand et mince mais a commencé à perdre ses cheveux blonds et légèrement frisés. Après être passé sous le portique de contrôle d’accès et avoir présenté ses papiers à un policier en uniforme, il se dirige vers l’ascenseur, au fond du hall.

 

Placé sous l’autorité du directeur central de la police judiciaire, l’OFAST, l’Office anti-stupéfiant, est une création récente qui remplace l’ancien OCTRIS, l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants. Il emploie cent cinquante policiers, gendarmes et douaniers et est dirigé par une femme, contrôleuse générale des services actifs de la police nationale. C’est elle qui préside la réunion de ce jour.

 

À ses côtés ont pris place, autour de la table, son bras droit ainsi que les représentants de chacun des trois pôles de l’Office, les pôles « stratégie », « renseignement » et « ;opérationnel », chargés de mettre en œuvre les trois missions définies par la direction : « comprendre », « cibler » et « agir ».

 

Le nouvel arrivant s’assied à son tour avant de se présenter :

 

— Louis de Trailles, responsable du centre d’analyse, de prévision et de stratégie du ministère des affaires étrangères.

 

Le Triangle d’or, toujours au cœur du trafic de drogue

 

Après avoir proposé du café à tout le monde, la directrice de l’OFAST prend la parole.

 

— Le commissariat central du XIVe arrondissement nous a transmis un dossier dont les implications semblent dépasser le simple trafic de drogue, trafic qui, au demeurant, semble exploser dans le secteur dont ils s’occupent. La marchandise proviendrait de la frontière de la Thaïlande, avec le Myanmar et le Laos, le fameux « Triangle d’or ». Jusqu’ici, rien de nouveau sous le soleil, Messieurs, si ce n’est que la méthamphétamine, en pilules, ou dans sa version cristal méthamphétamine, la plus dangereuse, qui peut être fumée avec une pipe à eau et que l’on appelle « ice » ou « shabu », au Japon ou aux Philippines, ou encore « yaba », « la drogue qui rend fou », en Thaïlande, a supplanté toutes les autres drogues. Les trafiquants considèrent la Thaïlande comme un maillon essentiel, car, placée au cœur du Triangle d’or, elle offre un site de production idéal dans les zones montagneuses qui chevauchent les trois pays. Certaines parties de ce Triangle d’or sont, par ailleurs, contrôlées par l’armée de l’État Shan, au Myanmar. Un rapport de l’Office des Nations Unies contre les Drogues et le Crime affirme que le marché des drogues synthétiques est en pleine expansion et diversification dans la région. Bien entendu, nos amis de « The Company » y participent activement…

 

The Company

 

— « The Company », demande l’homme du Quai d’Orsay ?

 

— Ce cartel porte aussi un autre nom : « Sam Gor », répond la directrice de l’OFAST. Nous pensons que c’est lui qui est à l’origine de ce changement dans la production et de l’essor incroyable du « crystal meth ;», le cristal méthamphétamine dont je vous parlais. Il est composé de cinq triades différentes : 14 K, Wo Shing Wo, Sun Yee On, Big Circle Gang et Bamboo Union et supposé être dirigée par un certain Tse Chi Lop, un gangster de nationalité canadienne né à Guangzou, en Chine, que l’on a souvent comparé, en termes de puissance, à Pablo Escobar et à El Chapo. L’organisation gagnerait huit milliards de dollars par an, voire jusqu’à deux fois plus, et contrôlerait quarante pour cent du marché de la méthamphétamine en Asie-Pacifique. L’argent serait blanchi via des investissements dans des casinos, des hôtels et des projets immobiliers dans la région du Mékong. Tsi Chi Lop a été arrêté aux Pays-Bas. Il devrait être extradé et jugé en Australie mais nul doute que son organisation perdurera.

 

Après un court silence, la directrice reprend la parole.

 

Un chinois en service commandé

 

— Mais, revenons à l’affaire qui nous occupe. Il est mentionné, dans le rapport que m’a transmis la PJ du XIVe, que le suspect arrêté, un Chinois, était en fait en service commandé. Il s’agirait d’un « chen diyu », un de ces « poissons en eau profonde ;», comme on les appelle, c’est-à-dire un agent illégal des services chinois, qui agissait sur ordre. Le suspect a simplement avoué qu’il était chargé de faire passer un message qui était que la Chine avait les moyens de mettre fin au trafic. La question est donc : pourquoi ne le fait elle pas ? Et, là, je me tourne vers vous, conclut-elle en regardant le représentant du ministère des affaires étrangères… Une question de politique étrangère

 

L’homme prend quelques instants avant de répondre.

 

Centre de gravité

 

— Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le centre de gravité de l’économie mondiale s’est déplacé de l’Atlantique vers le Pacifique. Le poids croissant de cette zone dans les échanges commerciaux et les investissements mondiaux en font un acteur de premier plan dans la mondialisation. Dans ce contexte, la résolution des conflits existants ou potentiels dans la région est un facteur primordial. Or, la France vient de décider de s’engager fortement dans le règlement des crises régionales, et, en particulier, dans la sécurisation des voies de navigation. Vous n’êtes pas sans ignorer les graves problèmes rencontrés en mer de Chine, entre ce pays et ses voisins. Nous sommes d’ailleurs en train de négocier la vente de sous-marins aux Philippines. Je crois que c’est de ce côté-là qu’il faut chercher la réponse à votre question, Chère Madame. Cependant, il s’agit d’une affaire très délicate avec des implications politiques multiples qui mettent en jeu notre rôle dans la région. Je propose donc d’en informer Matignon sans délai…

 

A suivre…

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