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GAVROCHE – ROMAN : «L’Impératrice Rouge», épisode 14 : Nana Plaza, temple des massages

Journaliste : Patrice Montagu-Williams
La source : Gavroche
Date de publication : 30/06/2021
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Rien n’arrêtera l’agent spécial Ly, de la DGSE. Sa quête de vérité le mènera évidemment dans les filets de « l’Impératrice rouge », reine du trafic de drogue dans le Triangle d’Or. Mais trouvera t’il la vérité ? Suffit-il d’être déterminé pour débusquer des trafiquants planqués dans l’ombre des salons de massage ?

 

Un roman inédit de Patrice Montagu-Williams

 

L’intrigue

 

Les saisies de drogue atteignent un niveau record dans le 13ème arrondissement de Paris. Cette drogue proviendrait du fameux Triangle d’or, cette zone frontalière située entre la Thaïlande, la Birmanie et le Laos.

 

Quel est le rôle exact de la Chine et de ses services secrets dans cette affaire ? Et qui est exactement cette Impératrice Rouge, somptueuse et tragique femme vampire, qui serait le chef d’orchestre occulte de ce trafic ?

 

L’agent très spécial Ly, de la DGSE, est envoyé en Thaïlande pour régler le problème, par tous les moyens. Persuadé, comme le dit Sartre, qu’on ne peut vaincre le mal que par un autre mal, il vivra une histoire de passion, de folie et de trahison.

 

Rappel de l’épisode précédent : Ly retrouve, à l’occasion d’un match de boxe thaï, son contact à la police, le colonel Wichak. Ce dernier l’informe qu’un voleur de cadavres, membre de l’une de ces fondations bouddhistes qui hantent, la nuit, les rues de la capitale, a ramassé le corps d’une fille qui respirait encore et qui lui avait parlé de l’Impératrice Rouge. L’homme se trouve encore chez eux. Il propose à Ly de venir l’interroger.

 

Épisode 14 : Nana Plaza, temple des massages

 

C’est la « Mamasan », la mère maquerelle, une Thaï souriante portant le « pha sin », la tenue traditionnelle, qui l’accueille, en faisant le « Waï », dans le hall du « Cinderella soapy massage », au deuxième étage du Nana Plaza. L’enseigne est plus discrète que celles de ses voisines : « Silver Dragon », « Sexy Night » ou « Secrets ».

 

Le bocal à poissons
Les filles attendent le client, alignées dans le hall d’entrée, qui ressemble au lobby d’un hôtel. À Bangkok, on appelle ce genre d’endroit, un « fishbowl », un bocal à poissons, où le consommateur vient pécher, en fonction de ses envies. Quand elle voit que Ly parle le thaï, la « Mamasan » fait la grimace : elle ne va pas pouvoir lui appliquer le tarif qu’elle réserve habituellement aux « farangs ». Mais, bien vite, son professionnalisme reprend le dessus et elle lui demande s’il veut une fille ou deux, s’il a des goûts particuliers et s’il souhaite, pour quelques centaines de bahts de plus, une chambre avec jacuzzi. Elle lui explique aussi que chacune des « demoiselles », comme elle dit, en français, porte une étiquette de couleur. Celles dont l’étiquette est rouge sont les plus jeunes et, donc, les plus chères. Pour les plus âgées, dont l’étiquette est noire, le tarif est, certes, plus bas, mais elles sont aussi plus expérimentées !

 

En attendant, elle lui propose de se rendre au bar d’où il aura une vue imprenable sur la marchandise offerte et pourra faire son choix, en toute tranquillité : elle veut éviter qu’il s’en aille sans consommer et se contente finalement de l’une de ces filles qui attendent à l’extérieur, que l’on appelle les « sideliners », qui ont la réputation d’être plus sexy et de casser les prix. Elle lui rappelle, enfin, qu’à Bangkok, il est de coutume de boire un verre avec celle que l’on a choisi et qu’il lui en coûtera cent-cinquante bahts par personne, à payer en cash à la barmaid.

 

L’enquête n’avance pas

 

Ly est fatigué. Cela fait plus d’une semaine qu’il ère dans les trois étages du Nana Plaza et l’enquête n’avance pas. Il connaît, à présent, tous les bars à bière du rez-de-chaussée, les fast food du premier étage, comme le « Lollipop » ou le « Red Lips », ou encore les go-go bars du second étage, dont le célèbre « Casanova », royaume des travestis, les fameux ladyboys. Alors il choisit, un peu au hasard, une fille, simplement parce qu’elle lui sourit et parce que son prénom, Lamaï, qui veut dire « algue », lui plaît.

 

Enfin un indice

 

Il a eu droit à tout : du B2B, le « body-to-body », jusqu’au « happy ending ». À présent, il est parfaitement détendu. La fille est allongée, nue, à ses côtés, et tous deux regardent le plafond.

 

— Depuis qu’ils ont légalisé ça, tout le monde s’y est mis, dit-elle, en lui tendant deux pilules. C’est du cannabis médical. C’est bien moins dangereux que le « yaba » ou l’« ice », ne t’inquiète pas !

 

Elle a envie de parler à cet homme qui s’est montré si gentil avec elle et qui l’a réservée pour une nuit entière, sans l’obliger à faire des choses qui la dégoûtent. Elle fait la pute parce qu’elle n’a pas le choix. Elle a passé un diplôme de massage médical mais le seul travail qu’elle ait pu trouver, à Bangkok, c’est celui que la « Mamasan » lui a proposé.

 

— Tiens, j’ai même massé celle qu’on appelle l’Impératrice Rouge en personne, ajoute-t-elle en riant !

 

— Parle-moi de cette Impératrice, demande Ly, soudain tendu.

 

Alors la fille raconte : un soir, la « Mamasan » lui avait amené une espèce de géant, qui lui avait dit avoir besoin de ses services. On lui avait parlé de sa réputation comme masseuse et il passerait la chercher le lendemain matin. Ce serait très bien payé. Qu’elle emporte ses crèmes et onguents avec elle.

 

Une très belle femme

 

Ils étaient descendus au sous-sol du Nana Plaza et on lui avait bandé les yeux.

 

— Tu vas masser l’Impératrice en personne. Tu ne dois pas savoir où elle se trouve. Si tu parles, tu es morte, menaça l’homme !

 

Elle avait eu très peur sur le moment, mais elle n’avait rien dit. Après qu’on lui ai retiré son bandeau, elle s’était retrouvée face à une dame très belle allongée sur un lit. Ses jambes étaient terriblement enflées et elle souffrait beaucoup. Elle avait fait ce qu’elle avait pu. La femme était manifestement soulagée et lui avait tenu longtemps la main en la remerciant. Le géant était revenu au salon, il n’y a pas longtemps, mais cette histoire ne lui plaisait pas et elle avait fait dire, par la « Mamasan », qu’elle était malade.

 

— Tu as une idée de l’endroit où tu te trouvais, Lamaï ?

 

— Non, mais j’ai vu, sur la commode où je posai mes crèmes, une facture de la MEA, la compagnie d’électricité, au nom de « The Empire of Temptations »…

 

A suivre…

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