GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Démocratie française, démocratie thaïlandaise
Il faut parfois savoir déporter son regard. Et changer de lunettes. Vue de France, la situation politique en Thaïlande, où le leader du parti victorieux aux récentes législatives risque d’être empêché de prendre les rênes du royaume, justifie toutes les critiques. Critiques politiques, car les urnes ont parlé. Critique du système, car la main mise des militaires sur le pouvoir, au nom de la défense de la monarchie, n’est guère défendable. Critique sociale enfin, car deux pays s’opposent : la jeunesse thaïlandaise urbaine face à l’indifférence ou à la soumission du reste de la population.
Ce prisme français doit être mis de coté. La Thaïlande n’est pas la France. Et notre République, bousculée par les récentes émeutes urbaines, n’a guère de leçons à donner. Gavroche a donc choisi, autant qu’il est possible, de regarder et de commenter les faits tels qu’ils sont. Nos lunettes ne sont pas françaises. Nous ne jugeons pas à l’aune de ce qui serait acceptable, ou non, à l’autre bout du monde. La vérité est que la Thaïlande est faite d’équilibres pas toujours subtils entre différentes sources de pouvoirs. Le vote des électeurs n’est qu’une partie du puzzle politique. On peut le regretter. On peut le critiquer. Mais il faut l’accepter.
Pour l’heure, nous ne pouvons que formuler un vœu : que l’aspiration massive de la population thaïlandaise au changement et au renouvellement du personnel politique soit entendu. La démocratie française n’est certainement pas un modèle. Mais elle doit au moins nous inspirer. Toute solution politique qui viserait à confisquer le résultat des urnes serait, en Thaïlande, la source d’une problématique illégitimité. Nous verrons, le 19 juillet, si ce royaume et sa démocratie « à demi cuite » sont capables d’éviter une collision problématique.