GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Alain Delon et Thaksin Shinawatra, deux « Guépards »
Vous connaissez bien sûr la fameuse réplique de Tancrède Falconeri, l’aristocrate sicilien joué par Alain Delon dans « Le Guépard », de Luchino Visconti (1963). « Il faut que tout change pour que rien ne change » lâche Delon, au sommet de sa diabolique beauté, devant le prince Fabrizio Salina incarné par Burt Lancaster. Claudia Cardinale les regarde. Pas étonnant que ce dimanche, jour de la disparition du plus célèbre acteur français, cette dernière a choisi de faire référence au film. « Le bal est fini. Tancredi s’en est allé danser avec les étoiles… » a-t-elle déclaré.
Thaksin Shinawatra est le prince Salina, en version Thaïlandaise. Et sa fille Paetongtarn pourrait être Tancrède au Royaume de Siam. L’ex premier ministre et milliardaire a voulu tout changer. Il a tout bousculé. Il a connu l’exil. Puis il est revenu. Et le revoici au pouvoir via sa fille, avec, en plus, le bénéfice d’une grâce royale. Il doit encore être jugé pour répondre du délit de lèse majesté. Mais le clan familial a donc fini par reprendre repris les rênes du gouvernement.
« Il faut que tout change pour que rien ne change » : ce pourrait être, au fond, une devise pour le Royaume. Alain Delon, dont la marque inondait jadis les centres commerciaux asiatiques, pourrait y ajouter une autre de ses répliques fameuses, dans « Mort d’un pourri » (Lautner, 1977) : « Je serai démissionné, deux ou trois guignols politiques sauteront, vous irez en prison… Mais ça ne changera fondamentalement rien ».
Bonne lecture !