GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Au Vietnam, l’enterrement d’un scandale de corruption XXL
Le parti communiste vietnamien demeure inflexible. L’ampleur du scandale de corruption qui a conduit la femme d’affaires Truong My Lan a être condamnée à mort à la mi avril, n’éclatera jamais au grand jour. Les milliards de dollars disparus en fumée, et sans doute partis dans les poches ou les comptes à l’étranger de bon nombre d’officiels vietnamiens, ne sont plus qu’un souvenir. Le nouveau président de la République socialiste du Vietnam, To Lam, exerçait jusque-là les fonctions de ministre de la sécurité publique. Les maigres espoirs de voir un jour la vérité éclater sur ce scandale XXL sont déjà envolés.
Voilà donc à quoi ressemble le Vietnam que les milieux d’affaires courtisent : à un puit dont le couvercle est tenu d’une main de fer par le parti, tout comme en Chine voisine. La mission du nouveau président est claire : tuer dans l’œuf toute revendication et contestation, bref, s’assurer que l’état de droit valide ce que le parti aura décidé. Avec, comme point d’orgue, la probable exécution de cette femme d’affaires qui multiplia les opérations spéculatives immobilières en graissant la patte d’intermédiaires jusqu’au sommet du pays.
La corruption n’est pas qu’une affaire vietnamienne. Mais n’oublions pas, à travers cet exemple, que les dessous du miracle économique asiatique sont faits de ce marécage rempli de milliards de dollars mal acquis. A l’heure où les pays du « sud global » donnent des leçons à nos démocraties et se gavent des deals commerciaux avec la Russie de Vladimir Poutine, ce rappel ferait bien d’être plus souvent à l’ordre du jour des échanges diplomatiques entre l’Union européenne et ses partenaires du sud est asiatique.