GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : La France marginalisée en Asie-Pacifique ?
Certains sommets ont plus d’importance que d’autres, même s’ils paraissent lointains et presque anodins face à l’actualité écrasante de la guerre en Ukraine. Celui de l’alliance Aukus (États-Unis, Australie, Royaume-Uni) lundi 13 mars à San Diego, en Californie, doit pourtant retenir notre attention. Car il est le résultat direct de la marginalisation de la France en Indopacifique, région où Paris espère jouer un rôle. On connait l’histoire : l’abandon, par l’Australie, du contrat passé avec Naval Group pour la construction de douze sous-marins à propulsion classique. Un contrat présenté comme « le deal du siècle », annulé unilatéralement en septembre 2021 par Canberra au profit d’une nouvelle commande, bien plus stratégique : celle de sous-marins nucléaires américains.
Or voilà que l’alliance Aukus devient de plus en plus une réalité. Elle est évidemment entièrement liée aux États-Unis, face à la Chine. Mais elle oublie surtout les autres acteurs de la région que sont le Japon, la Corée du Sud, ou…la France, avec ses territoires du Pacifique. Aukus est le nœud gordien de la puissance occidentale en Asie. Son objectif est de s’opposer à Pékin pour préserver le détroit de Taïwan et la sécurité régionale. Et la France dans tout ça ? Annexe. Pas oubliée, mais mise de côté. Au cas où…La France est, de facto, perçue comme un supplétif, ce qui correspond d’ailleurs à ses moyens militaires en Asie. Aukus est le miroir d’une implacable réalité. La France garde une présence dans la région, avec un espace maritime de premier plan. Mais elle n’y est pas un acteur. La stratégie française en Indopacifique, souvent évoquée, ne peut être qu’une adaptation aux rapports de force existants. Et rien d’autre.