GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : L’Asie, plus que jamais dans le viseur de Washington
Une évidence saute aux yeux en matière de politique américaine. Plus que jamais, l’Asie est dans le collimateur de Washington. Joe Biden, qui vient de retirer sa candidature à un nouveau mandat, était sans doute le dernier « dinosaure » à croire, outre-atlantique, à la nécessité d’une Amérique présente en Europe, et garante de la sécurité du continent. Son adversaire Donald Trump, fidèle à son approche transactionnelle en tout, croit pour sa part aux revenus sonnants et trébuchants du complexe militaro industriel. Si les Européens paient, tant mieux : ils seront protégés. S’ils ne paient pas, ce sera à leurs risques et périls. De toute façon, Trump l’a promis : quelques coups de téléphone passés depuis le bureau ovale, une fois de retour à la Maison-Blanche, suffiront à ramener la paix sur les principaux théâtres de guerre, de l’Ukraine au Moyen-Orient.
Pourquoi l’Asie ? Parce que la Chine, évidemment. Mais aussi parce que les États-Unis savent compter. L’Europe vieillit. Son revenu moyen baisse. Sa capacité à encaisser les chocs sociétaux engendrés par la mutation écologique, son économie reste à prouver. L’Union européenne est, par ailleurs, une construction qui doit sans cesse panser ses plaies. Les États-Unis ont pour leurs partenaires européens le respect dû à un frère, ou à une sœur ainée. Mais c’est en Asie que l’Amérique du nord voit son avenir.
Le basculement sera encore plus évident si Kamala Harris, d’origine indienne par sa mère, devenait la candidate du parti démocrate et était élue. L’affaire serait alors entendue. L’histoire est un éternel recommencement. Cinquante presque après leur départ chaotique de Saïgon, le 30 avril 1975, les États-Unis savent que leur avenir se joue de nouveau en Extrême Orient.