GAVROCHE – HEBDO : Le Royaume, la ministre, la République et l’innovation
Il faut se réjouir. Et Gavroche, enraciné en Asie du Sud-Est, applaudit volontiers. La récente visite en Thaïlande et à Singapour, du 19 au 22 octobre, de la ministre française de l’enseignement supérieur Sylvie Retailleau est une bonne nouvelle. Elle confirme que la recherche française connait le potentiel de cette région, et entend bien conforter les coopérations existantes, par exemple dans le domaine spatial.
La question, en revanche, se pose sur l’absence de stratégie commune européenne en la matière, vis à vis de l’Asie, poumon économique de la planète. Les programmes de recherche, très couteux, bénéficient à Bruxelles du soutien du programme Horizon Europe, doté d’un budget de cent milliards d’euros pour la période 2021 – 2027. Ne serait-il donc pas plus judicieux, vis à vis de nos partenaires asiatiques, d’organiser un déplacement de plusieurs ministres européens, pour vanter non l’innovation tricolore, mais celle que les 27 sont capables de porter ?
L’exemple des GAFAM, les géants américains de l’internet, prouvent que l’innovation ne devient réalité qu’à la condition de rencontrer un marché de consommateurs le plus large possible. La même réalité vaut pour les entreprises : la taille est toujours un élément crucial. Or sur le vieux continent, seule l’Union européenne et ses 450 millions d’habitants peut permettre aux acteurs de l’innovation de jouer en première division mondiale. C’est une évidence. Les pays de l’ASEAN, qui ont à leur niveau un enjeu comparable, apprécieraient sans doute de voir débarquer, unis et la main dans la main, les acteurs européens de l’innovation et de la recherche. Dommage qu’à chaque fois, dans ce domaine d’avenir, les logiques nationales continuent de l’emporter. Et de nous aveugler.