GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Hun Manet, futur « roi » du Cambodge
Vous avez remarqué les guillemets qui encadrent le mot « roi » dans le titre de cet éditorial. Ils s’expliquent par le fait qu’au Cambodge, contrairement à la Thaïlande, l’influence politique du monarque Norodom Sihamoni est nulle. Ou presque. Certes, une fonction protocolaire peut toujours permettre de s’octroyer quelque influence. Mais celle ci est, dans l’ex royaume d’Angkor, condamnée à rester marginale. Le vrai roi du Cambodge depuis plus de trente ans se nomme Hun Sen. C’est lui, ce premier ministre arrivé à la tête du gouvernement en janvier 1985 par l’occupant vietnamien, qui dirige le pays depuis lors.
Hun Sen va passer la main
Or Hun Sen va passer la main. C’est acté et le résultat des élections législatives de dimanche, qui viennent de consacrer la main mise absolue du parti du peuple cambodgien sur l’Assemblée nationale, devrait conforter cette succession dynastique. Place donc à Hun Manet, général dont le grade ne vaut que par son clan familial, malgré sa formation militaire à West Point, aux États Unis. Un nouveau roi à la manière de son père ? Un premier ministre qui pourrait être tenté par l’ouverture ? Quelle sera l’assise de ce nouveau pouvoir, que l’opposition aujourd’hui marginalisée tentera bien sûr de bousculer ?
La dynastie Lee Kuan Yew
La réponse n’est pas si certaine. A Singapour, la dynastie Lee Kuan Yew s’est perpétuée, mais en préservant dans le domaine de la justice et des affaires une efficacité qui est le creuset de sa légitimité. Aux Philippines, Ferdinand Marcos Jr est revenu au pouvoir démocratiquement, par les urnes. Quel schéma politique pour Hun Manet ? La vérité est que Hun Sen tirait toutes les ficelles. S’il en abandonne une, tout peut aussi s’effilocher. Quel que soit le résultat des urnes dont personne n’attendait une quelconque surprise.