GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Au Cambodge, l’après Hun Sen se joue maintenant
L’affirmation peut paraitre surréaliste. Tout démontre en effet que l’inamovible premier ministre Cambodgien Hun Sen, au pouvoir dans son pays depuis 1985, a en main tous les leviers. Certes, sa succession se profile officiellement à demi mots, avec l’évocation régulière du nom de son fils Hun Maneth. Mais pour l’heure, le patron du Royaume n’est en rien menacé. Sa promesse de ne jamais gracier l’opposant en exil Sam Rainsy montre, en outre, qu’il reste vigilant sur l’avenir de tous ceux qui pourraient menacer son clan familial.
La réalité est pourtant moins monolithique que cela. Né le 5 août 1952, Hun Sen sait évidemment que ses jours politiques sont comptés. Il sait aussi que toute succession familiale, même organisée au cordeau, risque de buter sur des obstacles inattendus, à commencer par des rivalités de personne au sein de l’appareil politique et militaire. Avec, dans les coulisses, le poids des oligarques locaux toujours prêts à s’acheter l’allégeance de tel ou tel politicien.
L’évidence est donc contraire aux apparences. L’après Hun Sen se joue maintenant, alors même que la présidence cambodgienne de l’ASEAN offre au pays une vitrine qu’il ne retrouvera pas de sitôt. Gavroche, qui accueille régulièrement dans ses colonnes des textes d’opinion de Sam Rainsy, ne prétend pas avoir une vue neutre sur la situation au Cambodge. Nous sommes convaincus que la monopolisation du pouvoir par un seul homme pendant autant d’années n’est ni justifiée, ni porteuse d’avenir. Il viendra donc un moment où le changement et l’alternance se profileront dans l’ex Royaume d’Angkor. Hun Sen le sait. Les failles d’un système se révèlent toujours à force d’usure. Le régime cambodgien n’a aucune raison d’y échapper.