GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Birmanie, une tragédie en uniforme
Les généraux Birmans ont plongé leur pays dans le chaos. C’est un fait incontestable. Depuis la prise du pouvoir par l’armée en février 2021, tout va de mal en pis en Birmanie. Les multinationales occidentales se sont désengagées, remplacées par des consortiums asiatiques ou du Moyen Orient. Et depuis quelques semaines, une série de postes frontaliers de l’État Shan, en bordure de la Chine, sont passés entre les mains des groupes rebelles. Cette désagrégation est régulièrement commentée dans nos colonnes par notre expert et chroniqueur François Guilbert. Mais au delà des analyses, une prise de conscience s’impose : voilà la preuve à nouveau qu’en 2023, un régime ultra-nationaliste en uniforme, sans perspectives autres que la répression, conduit au désastre pour la population.
Ce désastre a en plus des complices. La Chine, dont on a du mal à comprendre la politique vis à vis de la Birmanie, cherche simplement à profiter de toutes les failles dans ce pays au riche sous sol, stratégiquement situé sur les rives de l’océan Indien. La Russie de Vladimir Poutine vend des armes et courtise un régime qui, en matière de blanchiment de fonds, peut lui permettre de contourner les sanctions occidentales. Les pays d’Asie du Sud-Est, pour leur part, attendent de voir vers où le vent politique va souffler, en rejetant dès qu’ils le peuvent les rohingyas embarqués sur des bateaux de fortune pour fuir l’État Rakhine.
Les 53 millions de Birmans ne méritent pas cette descente aux enfers. Dans ce pays multiethnique, qui n’a connu que de brèves périodes de transition démocratique, le pire est à l’œuvre. Sous nos yeux. Et, pour l’heure, sans solution à l’horizon.