GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Étranger au Siam, toute une histoire
Le saviez-vous ? Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les étrangers accusés d’avoir commis des délits en Thaïlande n’étaient pas jugés par la justice siamoise. Un tribunal spécial s’occupait de leur cas, composé de magistrats thaïlandais et européens (pour la plupart). Bref, les « farangs » en délicatesse avec le droit et les coutumes locales bénéficiaient d’une juridiction d’exception. Pas question d’envoyer des blancs dans les geôles pour indigènes, comme cela se disait à l’époque.
Ces deux vitesses juridiques ont heureusement disparu. Mais être étranger, au Siam, permet toujours d’obtenir un certain nombre de passe droits et de jouir d’un niveau de tolérance hors de portée du Thaïlandais moyen. Sauf, et c’est le cas ces jours-ci à Phuket, lorsque le « farang » se prend pour ce qu’il n’est pas et se met à mépriser les Thaïs, les considérant comme ses obligés. C’est à l’évidence le fond du problème dans l’affaire du citoyen suisse, responsable d’une fondation d’aide aux éléphants à Phuket, accusé d’avoir sévèrement bousculé une Thaïlandaise assise devant le porche de sa luxueuse demeure. Cela s’est passé le samedi 24 février. Depuis, le royaume est en ébullition. La rudesse du « farang » est en passe de devenir une affaire d’État.
Il n’y a pas de morale à cette histoire dont Gavroche ne connait pas les détails. Nous en apprendrons sans doute plus dans les jours à venir. Mais l’on peut déjà donner ce conseil à tous nos lecteurs, amoureux de la Thaïlande et de l’Asie du Sud-Est : ici, tout n’est pas permis. Le temps des indigènes est révolu. Être blanc ne signifie pas qu’il faut tout accepter, ou bien se taire. Mais cela suppose, dans tous les cas, d’être respectueux de ceux qui nous accueillent. Étranger ne rime pas avec impunité.