GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Pourquoi l’Asie du Sud-Est redoute le duel États-Unis vs Chine ?
La session 2023 du Shangri La Dialogue de Singapour s’est terminée ce dimanche 4 juin sur un constat simple, mais inquiétant : les pays d’Asie du Sud-Est sont de facto les otages du duel entre Washington et Pékin. Logique. Géographique et historiquement, tous les États de la région se trouvent dans l’orbite de la Chine. Politiquement et militairement en revanche, la relations avec les États-Unis reste privilégiée par certains, voire désormais choisie comme l’axe principal du renouveau, si l’on regarde du coté des Philippines.
Cette fracture engendrée par les rivalités américano – chinoises est normale. Et elle n’est pas que militaire. Elle est aussi industrielle, économique, technologique. Jusque-là, les pays de l’Asean ont réussi cette prouesse de satisfaire l’un et l’autre de leurs parrains. Même le Cambodge, élève privilégié de l’influence Chinoise, s’est bien gardé de se fâcher avec l’oncle Sam. Une passionnante conférence à Paris, organisée au sénat samedi 3 juin, a bien montré comment Hun Sen a su nouer un réseau de soutiens internationaux bien au delà de Pékin et de Xi Jinping. Et maintenant ? La réalité dicte des choix. Pékin, comme Washington, exige des gages de fidélité. Le duel géopolitique s’impose même dans les capitales de l’ASEAN. L’Asean a beaucoup à perdre d’une opposition de plus en plus radicale entre les deux premières puissances économiques mondiales. L’Europe, qui révérait d’arbitrer ce duel, n’en a pas les moyens. Bienvenue dans l’Asie du Sud-Est du futur, ou le zig zag entre puissances ne sera bientôt plus possible.