Helmut Sorge est un analyste et expert allemand basé au Maroc, pour le «Policy Center for the global South», organisateur des «Atlantic Dialogues» de Marrakech du 13 au 15 décembre. Quel rapport avec l’Asie ? Quel parallèle entre la situation des pays d’Afrique confrontés à des conflits et à des convulsions démocratiques et celle de l’ex colonie britannique ? La réponse: une convergence des luttes, à l’aune de la géopolitique, mais aussi la relance d’une paranoïa anti-américaine. Un texte à lire pour mieux comprendre les dessous d’une crise et les perceptions qu’elle entraîne.
Nous reproduisons ici un extrait d’une analyse d’Helmut Sorge, parue sur le site du Policy Center for Global South
Ta Kung Pao, un journal de Hong Kong contrôlé par le Parti communiste, a publié une photo d’une femme debout dans le hall d’un hôtel de luxe de l’enclave de sept millions de personnes sur la côte sud de la Chine, apparemment en conversation intensive avec des jeunes. Ce n’était pas seulement une femme dont le nom est Julie Eadeh. Elle est conseillère politique du consulat américain à Hong Kong. Elle a discuté de la crise avec ses contacts, militants du mouvement pro-démocratie de l’ancienne colonie britannique, qui, de nos jours et des mois, éprouve des difficultés, à travers sa pire crise politique depuis son transfert sous contrôle chinois il y a 22 ans.
Le titre du journal a révélé la vérité, la vérité vue de Pékin. «Les forces étrangères interviennent, cherchent à provoquer une révolution des couleurs.» Le journal a décrit Mme Eadeh, diplômée des études arabes de l’Université de Georgetown à Washington, comme «une mystérieuse et discrète experte en subversion». Enfin, il est apparu aux lecteurs chinois que les centaines de milliers de manifestants, qui au cours des quatre derniers mois ont perturbé le trafic aérien, bloqué les routes, arrêtés les trains, sont des mercenaires des États-Unis d’Amérique, prêts à provoquer des troubles pour arrêter le long et marche constructive de la Chine vers la grandeur et le pouvoir.
Conspiration sinistre
Il y avait plus de preuves de la conspiration sinistre des Américains, publiées dans Ta Kung Pao et d’autres journaux – un homme non chinois, qui a été identifié comme «un commandant étranger» du mouvement de protestation; l’image montrait le conspirateur, qui aurait vraisemblablement fourni aux rebelles des informations sur les mouvements de la police. Oui, c’était lui, assis sur les marches d’une passerelle piétonne avec son téléphone portable. Hélas, pour les journalistes d’investigation passionnés, l’homme en question n’était pas un espion réaffecté de la guerre froide à Hong Kong, mais Kevin Roche, rédacteur en chef du «New York Times» communiquant avec un journaliste du «Times».
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