L’année dernière, Chris Buckley du New York Times s’est vu refuser la permission de rester à Hong Kong, tout comme Aaron McNicholas, qui s’était vu proposer la rédaction du Hong Kong Free Press.
La nouvelle selon laquelle les présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping auraient convenu de dispositions plus généreuses en matière de visas pour leurs journalistes respectifs semble donc avoir peu d’effets. L’important corps de correspondants de Hong Kong bénéficie de l’utilisation d’un pittoresque club des correspondants étrangers logé bâtiment classé loué au gouvernement de Hong Kong.
Ces dernières années, des plaintes récurrentes ont été déposées au sujet de difficultés ou de retards dans l’obtention de visas de travail pour que les correspondants puissent venir à Hong Kong. Et certains qui étaient déjà dans la ville ont été effectivement expulsés.
Le premier a été Victor Mallet, du Financial Times, qui avait présidé en tant que vice-président du club des correspondants étrangers (le président était absent) à un déjeuner de travail en 2018, adressé par un politicien local abhorré par le gouvernement. Victor Mallet est maintenant correspondant à Paris.
Le gouvernement a également refusé d’expliquer le refus de renouveler le visa de Wong Sue-lin, de The Economist. La couverture par l’Economist des progrès de M. Xi vers l’immortalité a été mal perçue.
Le gouvernement s’est aussi brouillé avec le journaliste de Bloomberg, Matthew Brooker.
D’autres réalignements ont été plus discrets. Les lecteurs du Guardian n’ont peut-être pas remarqué qu’une grande partie de sa couverture de Hong Kong se fait désormais depuis Taipei.
Le gouvernement a fermé Apple Daily – un tabloïd populaire en faveur de la démocratie – a gelé ses fonds et arrêté un grand nombre de ses cadres.
La loi sur la sécurité nationale confère des pouvoirs étendus à la police, qui dispose d’une unité spéciale de sécurité nationale, et rend également difficile la libération sous caution des personnes arrêtées. Parmi les autres caractéristiques critiquées figurent les procès sans jury et une liste de juges sélectionnés pour les présider. Mais l’attribut qui donne à la loi une grande partie de son effet sur le travail des médias est l’imprécision de la description des délits. Il ne se passe guère de semaine sans qu’un fonctionnaire d’un genre ou d’un autre n’annonce qu’une activité jusque-là banale “peut constituer une violation de la loi sur la sécurité nationale”.
La conséquence, comme le dit un écrivain local dans une variation locale pittoresque de l’épée de Damoclès, est comme «manger dans une salle à manger avec un cobra dans le lustre». Tout semble normal, mais on ne sait jamais quand cela va changer.
Remerciements à Michel Prevot