Il était, d’ordinaire, impossible de le rater devant son hôpital pédiatrique à Siem Reap. Beat Richner, pédiatre suisse et violoncelliste plus connu sous le nom de «Beatocello», est décédé le 9 septembre à Zurich. Il avait fait du Cambodge sa terre d’accueil. Ses hôpitaux «Kantha Bopha» pour enfants, à Phnom Penh et Siem Reap, sont une référence médicale et humanitaire.
Gavroche l’avait plusieurs fois rencontré.
Avec son violoncelle, dans le grand amphithéâtre de l’hôpital pédiatrique de Siem Reap, Beat Richner enchantait les visiteurs.
Beatocello, comme on le surnommait, avait toujours le sourire vissé aux lèvres. Il riait de bon cœur.
Il racontait «son» Cambodge: celui des enfants à sauver et des mères à assister. Il disait son éternelle colère devant les organisations humanitaires et l’organisation mondiale de la santé (OMS) qu’il accusait de proposer aux pays pauvres une «sous-médecine».
Ce pédiatre zurichois né en 1947 avait fait du Cambodge son Royaume. Le nom de son premier hôpital, à Phnom Penh, était celui d’une des filles décédés du défunt monarque Norodom Sihanouk: Kantha Bopha.
Siem Reap a perdu son barde. Angkor pleure son troubadour.
Ce médecin missionnaire savait mieux que quiconque capter l’attention et jouer avec la générosité des donateurs européens.
Chaque année, il retournait en Suisse pour une tournée de concerts de charité, ponctuant ses notes de musique d’interventions en français, en anglais, en italien et en allemand pour expliquer pourquoi il faut encore aider le Cambodge.
«Le Dr Beat Richner est devenu un héros national Cambodgien pour avoir fondé, en 1992, le premier hôpital Kantha Bopha à Phnom Penh» écrit la reine Monique, mère de l’actuel souverain Norodom Sihamoni, dans sa lettre de condoléances .
Les larmes de Gavroche se mêlent, ces jours ci, à celles des milliers d’enfants cambodgiens sauvés par ce pédiatre qui aimait Bach et se battait toujours pour l’accès aux meilleurs médicaments.
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