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INDOCHINE – ÉCRIVAINS : « Cerisette » de Marcel Desbois

Journaliste : François Doré Date de publication : 26/10/2022
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Retrouvez régulièrement les chroniques littéraires de notre ami François Doré, spécialiste de littérature coloniale indochinoise.

 

Cela commence comme un conte de fées : un jeune garçon courageux et brillant, une jolie petite Eurasienne fraîche et pure, et enfin un Tonkin de carte postale où l’on va passer les vacances en croisière à travers les rochers de la baie d’Along. Et pourtant, le beau conte va se transformer en cauchemar, par la faute, la jalousie et la méchanceté de certains serviteurs de l’État.

 

L’auteur, Marcel Desbois, avait prévu de publier l’histoire des deux enfants du docteur Parès en deux volumes successifs, mais il semble que le second, Sylvain, n’ait jamais été publié. Seul Cerisette paraît en 1927 chez Eugène Figuière. Claude Ferré, fils d’un architecte, a terminé ses études aux Beaux-Arts. Mais la guerre survient et Claude, avec enthousiasme, vole à l’appel de la Patrie. Blessé trois fois, il revient en héros à la vie civile. Hélas, sa promise ne l’a pas attendu. Accablé, il découvre la réalité de l’arrière : la société civile qu’il retrouve, « n’est plus qu’égoïsme et avidité, course à l’argent et spéculations cynique ». Et la génération nouvelle, « jeunes gens épilés, s’américanisant ». Les filles aussi, sont «sans pudeur, offrant tout au public. Partout, comme dans l’ancienne Rome ; corruption générale et marche à l’abîme »…

 

Il décide donc de quitter la France «pour une vie nouvelle dans l’Orient mystérieux » et embarque sur l’André Lebon à destination de Saïgon. Dés son arrivée, Claude visite la Cochinchine et particulièrement les écoles d’enseignement artistique. Son destin va se jouer à l’Ecole d’Arts appliqués de Tu-Duc, où, pour son malheur, il va en rencontrer le directeur, Jean Loisel. Celui-ci est « un homme intriguant au possible, mais aussi une des personnalités les plus puissantes de la colonie » par son appartenance à la « loge des Humanitaires ». Cherchant à évincer d’autres concurrents qui n’attendent que son départ en congé pour prendre sa place, M. Loisel choisit Claude pour diriger son école, le temps de ses vacances. Bien sûr, Claude, fort de ses talents et de sa jeunesse, va révolutionner l’école par de nouvelles techniques, émerveillé par les dons artistiques innés de ses élèves.

 

Bientôt, il est envoyé au Tonkin où l’on recherche un architecte pour édifier le pavillon de la Cochinchine de la foire de Hanoï. Là encore, sa brillante réussite va impressionner tout le monde et créer à nouveau de nombreuses jalousies autour de lui.

 

Mais il n’en a cure, n’a-t-il pas rencontré un soir, dans la salle de restaurant du Métropole, une jeune file au visage radieux, les joues roses et fraîches comme la rose qui décore son jeune corsage. Elle s’appelle Cerisette.

 

Tout est en place pour l’idylle à venir où nos jeunes héros vont découvrir le bonheur d’être deux. Hélas, leur destin est en route. Bribe par bribe, le beau conte de fées va être détruit. M. Loisel réapparaîtra et trahira tous les efforts et les rêves de son ancien protégé. Et c’est une mort indigne qui séparera les deux amants…

 

FRANÇOIS DORÉ

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