Le vote par le parlement européen, mardi 18 avril, du boycott de produits issus de la déforestation risque de menacer les exportations de pays tels que l’Indonésie et la Malaisie, où les plantations de palmiers à huile sont très nombreuses.
Le nouveau règlement, déjà approuvé par les États membres de l’UE, contribue à lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité en empêchant la déforestation liée à la consommation dans l’UE de produits issus du bétail, du cacao, du café, de l’huile de palme, du soja, du bois, du caoutchouc, du charbon de bois et du papier imprimé. Avant que ces produits puissent être mis sur le marché de l’UE, les entreprises doivent vérifier et délivrer une déclaration dite de “diligence raisonnable” attestant que les produits n’ont pas conduit à la déforestation et à la dégradation des forêts où que ce soit dans le monde.
Contexte
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que 420 millions d’hectares de forêts, soit une superficie supérieure à celle de l’Union européenne, ont été détruits par la déforestation entre 1990 et 2020. La consommation de l’UE représente environ 10 % de la déforestation mondiale. L’huile de palme et le soja en représentent plus des deux tiers.
En octobre 2020, le Parlement a fait usage des prérogatives que lui confère le traité pour demander à la Commission de présenter une législation visant à mettre un terme à la déforestation mondiale induite par l’UE.
Impact
Les nouvelles réglementations sur l’huile de palme en cours d’adoption par l’Union européenne et le Royaume-Uni augmentent la pression sur les petits exploitants indépendants d’Indonésie, qui ont déjà du mal à respecter les exigences en matière de développement durable, selon une nouvelle étude.
Les défenseurs des petits exploitants affirment qu’un soutien plus important est nécessaire pour les aider à rejoindre la chaîne d’approvisionnement sans déforestation et à éviter le cercle vicieux d’une production non durable.
Selon des chercheurs de l’ONG environnementale indonésienne Madani, les petits exploitants indonésiens, qui gèrent 6,72 millions d’hectares de plantations de palmiers à huile, ne sont tout simplement pas prêts pour ce règlement européen.
Les chercheurs ont mené une enquête auprès de petits exploitants indépendants dans quatre districts producteurs d’huile de palme du pays : Rokan Hulu dans la province de Riau et Tanjung Jabung Barat dans la province de Jambi, toutes deux situées sur l’île de Sumatra, ainsi que Ketapang dans la province du Kalimantan occidental et Kotawaringin Timur dans la province du Kalimantan central, sur l’île de Bornéo.
En examinant les aspects de la légalité, des bonnes pratiques agricoles, de la gestion environnementale, de la transparence et de la traçabilité, l’enquête a révélé que seuls les petits exploitants de Tanjung Jabung Barat sont prêts à se conformer au règlement de l’UE sur la déforestation.
Les chercheurs ont identifié la traçabilité comme le plus grand défi à relever par les petits exploitants indépendants pour se conformer au règlement. Cela s’explique par la nature largement non documentée des transactions : selon l’enquête, seuls 0,17 % des répondants ont pu vendre leurs fruits de palmier à des usines directement ou par l’intermédiaire de coopératives. Les autres ont dû faire appel à un réseau informel d’intermédiaires, ce qui rend difficile la traçabilité de l’huile de palme jusqu’à son origine.
Ce problème est aggravé par le manque de documentation des transactions, puisque seulement 12,82% des personnes interrogées conservent un registre des ventes pour chaque transaction.
Le Parlement européen, c’est important, comme la Commission européenne, et comme la cour de justice européenne des droits de l’homme.