L’ancien ministre indonésien des Affaires sociales Juliari Batubara vient d’être condamné à 12 ans de prison pour avoir détourné des fonds du programme gouvernemental d’aide COVID-19. Aussi sévère qu’elle puisse paraître, cette peine est infiniment plus clémente que la peine de mort que de nombreux Indonésiens espéraient pour l’homme politique.
Le tribunal de la corruption du centre de Jakarta a prononcé lundi 23 août la sentence à l’encontre de Juliari, soit un an de plus que ce que les procureurs de la Commission pour l’éradication de la corruption (KPK) avaient demandé.
Au cours de l’audience, le tribunal a déclaré que l’une des circonstances atténuantes qu’il a prises en considération pour la peine de Juliari était que l’homme politique avait déjà été malmené dans le tribunal de l’opinion publique.
“Le condamné a suffisamment souffert d’être ridiculisé, moqué et insulté par le public”, a déclaré le juge Yusuf Pranowo.
Un crime non reconnu
En revanche, ce qui a joué en la défaveur de Juliari, c’est qu’il n’a pas reconnu son crime au cours de l’enquête et du procès, a déclaré le tribunal.
Le KPK, l’agence anti-corruption indonésienne, a arrêté Juliari pour suspicion de corruption en décembre 2020. L’ancien ministre était accusé d’avoir détourné 10 000 IDR (0,69 USD) de chaque colis d’aide COVID-19, contenant des aliments de base, distribué par 109 entrepreneurs dans la région du Grand Jakarta de mai à décembre 2020.
M. Juliari a personnellement reçu 32,48 milliards d’IDR (2,25 millions de dollars) dans le cadre de ce programme et a dépensé environ 15 milliards d’IDR (1,05 million de dollars) de cet argent. Le tribunal lui a ordonné de restituer 14,5 milliards IDR (1 million USD) à l’État dans un délai d’un mois, sous peine d’une peine supplémentaire de deux mois de prison.
Juliari est le quatrième et dernier ministre du président Joko Widodo à être arrêté pour corruption. Le cas de M. Juliari a particulièrement irrité les militants anti-corruption et le public en général en raison de la manière odieuse dont il a volé à un moment où le pays souffrait de la pandémie, ce qui a suscité des appels à promulguer une loi punissant de la peine de mort ceux qui volent l’aide aux sinistrés.
Remerciements à Jean Michel Gallet
