Après la journée funeste de mercredi 22 mai, durant laquelle six personnes sont mortes au cours des émeutes qui ont suivi l’annonce des résultats de la présidentielle, la capitale indonésienne redoute une aggravation des affrontements entre les partisans du candidat battu Prabowo Subianto et les forces de police. La victoire du président sortant Joko Widodo a été confirmée officiellement dans la nuit de lundi à mardi.
La commission électorale indonésienne craignait le pire et elle avait raison: six personnes ont été tuées mercredi 22 mai et plus de 200 ont été blessées dans la capitale indonésienne, après la proclamation des résultats des dernières élections présidentielles et législatives dans l’immense archipel.
Mardi, la Commission des élections générales a confirmé que le Chef de l’Etat sortant, Joko Widodo – connu sous le nom de Jokowi – avait recueilli 55,5% des suffrages lors de la présidentielle du 17 avril, remportant ainsi un deuxième mandat à la tête de la troisième plus grande démocratie du monde.
Son rival de longue date, Prabowo Subianto, a de nouveau contesté les résultats, comme il l’avait fait après sa défaite en 2014.
Il a revendiqué de nombreuses fraudes au scrutin et son camp a annoncé son intention de contester les résultats des élections en engageant une action en justice devant la Cour constitutionnelle.
Le parti présidentiel PDI-P est également arrivé en tête à l’issue des élections législatives, ce qui va lui permettre de former une coalition.
Aussitôt, des centaines de personnes sont descendues dans les rues de Jakarta mardi soir, jetant des pierres et des pétards à la police alors que de la fumée s’échappait des voitures incendiées.
La police en tenue anti-émeute a tiré des gaz lacrymogènes et de l’eau sur les manifestants.
Gravats et voitures brûlées
Jakarta s’est ensuite réveillé mercredi avec des rues jonchées de gravats et de voitures brûlées.
Des dizaines de magasins dans le centre de Jakarta sont restés fermés alors que des centaines de manifestants sont de nouveau descendus dans les rues, surveillés par la police anti-émeute portant des boucliers et des vêtements de protection.
Les autorités ont brièvement interrompu les réseaux sociaux pour limiter les informations à disposition des manifestants.
La journée d’élections du 17 avril dernier a été présentée comme l’un des scrutins à une journée les plus compliqués jamais entrepris.
Pour la première fois, le pays a tenu ses élections présidentielle et législatives le même jour, avec plus de 245 000 candidats se présentant pour plus de 20 000 sièges.
Quelque 193 millions de personnes avaient le droit de voter à travers les 17 000 îles de l’archipel et plus de 800 000 bureaux de vote et six millions de travailleurs électoraux étaient impliqués.
La décision du président sortant Jokowi de se rapprocher des grandes organisations musulmanes a été très critiqué.
Certains médias l’ont accusé d’avoir «perdu son âme», mais les urnes ont parlé en sa faveur.