L’ex Général Prabowo Subianto a été investi huitième président de l’Indonésie, marquant ainsi la fin des dix années de mandat du président sortant Joko Widodo et de la quête de Prabowo pour le poste suprême, qui durait depuis plusieurs décennies.
Dans son discours d’investiture devant le parlement indonésien, Prabowo a appelé les hommes politiques et la nation à faire preuve de courage face aux défis et à placer les intérêts du peuple indonésien au-dessus de tout, y compris de leurs propres intérêts privés.
Mais à quoi pouvons-nous nous attendre pour les cinq prochaines années ? Lors de la campagne électorale, Prabowo, autrefois rival acharné de Widodo, a promis d’être l’héritier fidèle des politiques de son prédécesseur.
Pourtant, nombreux sont ceux qui s’attendent à ce que l’ancien général, réputé pour son caractère têtu, suive sa propre voie sur plusieurs fronts. Dans son discours d’investiture et dans les choix ministériels annoncés plus tard, quelques thèmes clés ont émergé : la nécessité d’une politique étrangère active, une tendance à l’autarcie en économie, un accent mis sur la lutte contre la pauvreté et une évolution potentielle vers une gouvernance plus autoritaire.
Politique étrangère
« Face au monde international, l’Indonésie choisit une voie libre et active, non alignée », a déclaré Prabowo devant le parlement. « Ainsi, nous voulons être amis avec tous les pays, mais nous avons des principes, notamment l’anticolonialisme, car nous avons connu la colonisation.
Dans cette optique, il a poursuivi en affirmant le soutien de l’Indonésie à l’indépendance palestinienne, ce que le parlement a accueilli par des applaudissements nourris.
Le principe de non-alignement de l’Indonésie, associé à une orientation tiers-mondiste, est classique, suggérant une continuité avec Widodo et, en fait, avec les politiques qui ont guidé l’Indonésie depuis 1998. Toutefois, certains signes indiquent que Prabowo tracera sa propre voie.
Widodo a essentiellement laissé le ministère des affaires étrangères se débrouiller tout seul pendant une décennie, ne s’intéressant guère aux affaires étrangères au-delà de leur aspect économique. Prabowo, en revanche, s’y intéresse de beaucoup plus près et cherchera probablement à jouer un rôle actif sur la scène internationale.
C’est ce que reflète le nouveau ministre des affaires étrangères, Sugiono, un collaborateur relativement peu connu de Prabowo. En choisissant Sugiono, Prabowo a rompu avec le précédent d’après 1998, qui consistait à nommer un diplomate de carrière à la tête du ministère.
Prabowo semble vouloir un ministre des affaires étrangères qui lui soit subordonné et qui n’ait que peu, voire pas du tout, de loyauté envers la puissante fonction publique ministérielle.
Dans ses discours, Prabowo a laissé entendre qu’il souhaitait jouer le rôle d’honnête courtier dans les conflits internationaux. Plus particulièrement, lors du dialogue de Shangri La en 2023, il avait surpris beaucoup de monde en proposant un plan de paix pour la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
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