« A Hong-Kong comme en Birmanie, le poids de l’histoire »: tel est le titre de l’éditorial de ce lundi 17 juin 2019, en tête de notre lettre d’informations hebdomadaire sur la Thaïlande et l’Asie du Sud-Est. Politique, économie, culture, lectures, mémoire… Tout y est. Il suffit de s’inscrire. Et n’oubliez pas de réagir et de commenter nos articles ! À commencer par l’éditorial ci-dessous.
Gavroche-Hebdo, éditorial, 16 juin 2019 : À Hong-Kong comme en Birmanie, le poids de l’histoire
Les deux événements n’ont rien à voir.
Et pourtant : ce qui s’est passé ces dernières semaines à Hong Kong et en Birmanie, dans le lointain état Karenni, prouve combien l’histoire ne peut pas être effacée sur simple décision des autorités.
L’histoire à Hong Kong, où des centaines de milliers de manifestants sont de nouveau descendus dans la rue dimanche, après le retrait du projet de loi sur les extraditions possibles vers la Chine continentale ?
Elle remonte à 1997. La rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine populaire se fit alors sur la base d’un accord limpide: le territoire continuerait de jouir des libertés et de son autonomie.
Or l’on voit bien que le régime de Pékin interprète ce texte autrement, prêt à le jeter aux orties. Mais la population de Hong Kong a de la mémoire. Surtout la jeunesse. L’histoire est de nouveau en marche.
Histoire aussi en Birmanie, où l’érection d’une stature du général Aung San dans l’Etat Karenni a entrainé des protestations et l’arrestation de plusieurs jeunes karens.
Aung San, le père de la dirigeante Aung San Suu Kyi, était ne l’oublions pas un nationaliste ombrageux, que le modèle fasciste des années trente à la mode japonaise avait séduit.
Là aussi, le peuple birman, dans sa composante karen, a de la mémoire. Il ne suffit pas de dresser des statures pour que la réconciliation s’enracine. Il faut bien plus que cela: à savoir de vraies concessions politiques.
L’histoire n’est pas un vent passager. C’est une tempête qui souffle toujours et qui tourmente les âmes et les gouvernements.
L’oublier, croire que le passé ne joue aucun rôle, ou pire, tenter de l’instrumentaliser, se retourne toujours contre les manipulateurs de la mémoire.
L’équipe éditoriale
Joyeux Noel!!