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Koh Chang, nouvelle cible du tourisme russe

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 08/03/2013
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Une chaîne de télévision russe, des restaurants, des magasins de souvenirs tenus par des Russes : la présence slave s’affiche sur l’île et les touristes arrivent en masse. Une manne financière pour le secteur touristique local, mais à double tranchant. Certaines voix commencent à s’élever contre cette population jugée peu respectueuse.

 

Passage obligé pour tout bon touriste russe de sexe féminin à Koh Chang : la traditionnelle séance photo sur la plage. En bikini très bikini, suspendues à une balançoire au-dessus de l’eau, elles enchaînent les mines boudeuses et les pauses plus… tendancieuses, leurs hommes les coachant comme de véritables photographes de mode.

 

Cette scène, les autres touristes la voient se répéter plusieurs fois par jour. « C’est agaçant, ridicule, mais amusant aussi. Finalement ça me fait beaucoup rire à chaque fois », explique Mary, une jeune vacancière anglaise ici pour trois semaines. « Un peu moins marrants en revanche les Russes plus âgés, alcoolisés dès le début de l’après-midi et qui peuvent être très bruyants. »

 

Des discours comme celui-là s’entendent de plus en plus souvent à Koh Chang. Les chiffres sont là pour accréditer un ressenti très fort sur l’île : les touristes russes, facilement repérables, sont devenus omniprésents. Certains hôtels affichent des chiffres record cette année. Le Klong Prao Resort par exemple a accueilli pas moins de 63% de Russes en novembre 2012, contre 54% pour le même mois de l’année 2011, totalisant pour l’année 2012 un beau 47,25% de clients en provenance de l’ex-URSS.

 

A tel point que certains professionnels du secteur s’inquiètent du phénomène. « Et si cette majorité effrayait les minorités ? se demande le propriétaire français d’un resort. J’entends souvent nos clients se plaindre des Russes. Des discours du type : « On ne va pas payer une journée de snorkeling si c’est pour se retrouver avec quarante Russes sur le bateau ». Cette population dérange et certains dénoncent son manque de savoir vivre, de discrétion et de respect pour la culture thaïlandaise. « Ici, on ne se balade pas en string dans les magasins, on ne donne pas des ordres aux gens en hurlant, continue le résident français. Pourtant, nous assistons souvent à ce genre de scène. J’ai peur qu’à l’avenir les autres touristes délaissent l’île, que Koh Chang devienne un autre Pattaya, une bulle russe en Thaïlande où l’on parlera, mangera et consommera russe. »

 

Car, comme à Pattaya, émergent ici des commerces spécifiquement russes. Des restaurant russes, tenus pas des Russes, des bars russes, tenus par des Russes, ou encore des magasins de souvenirs, vous l’aurez deviné, tenus par des Russes. Et comme tous les touristes slaves ici suivent le circuit organisé par l’agence russe locale, il paraît difficile d’y échapper.

 

Un tourisme assisté

 

Pas moins de sept agences de tourisme russes sont installées sur l’île. Toutes font part d’une augmentation fulgurante de leur clientèle : +30% pour Mango entre novembre 2011 et novembre 2012, +37 % pour Satang Ru, +45% pour Ilvès Tour. Le propriétaire de cette dernière agence, Maxim Tolmachev, n’oublie pas de nous rappeler que ces chiffres sont un peu faussés par les inondations de l’année dernière. « Les Russes ont eu peur. Quand ils partent en voyage, ils aiment que tout soit sûr. » Ce que confirme Ruslan Kurbanov, le propriétaire de l’agence de voyages Mango, du bar-restaurant The pirate’s et de la chaîne de télévision russe de l’île, KC TV. « Les touristes russes n’aiment pas avoir de mauvaises surprises pendant leurs vacances. La quasi-totalité d’entre eux passe par des agences comme la nôtre et séjourne dans des hôtels arborant au moins 3 étoiles. Nous leur organisons tout de A à Z, du voyage en avion jusqu’aux activités à faire sur l’île. Il faut que tout soit facile, sans surprise…»

 

Certains acteurs se sont même spécialisés dans l’assistance aux touristes venus de l’ex-URSS. Ayman El Saïd, un Russe-Egyptien, a monté il y a deux ans sa petite entreprise spécialisée dans l’accueil des vacanciers. « Je ne travaille qu’avec des Russes. Ce ne sont pas des touristes comme les autres, ils n’aiment pas voyager par eux-mêmes, partir à l’aventure. Je vais les chercher à l’aéroport, je les ramène à Koh Chang, je leur explique tout de l’île, où aller se baigner, manger, quelles activités ils peuvent faire… » Et c’est un travail à temps plus que complet puisqu’Ayman est joignablesept jours sur sept, 24 heures sur 24. « Ils peuvent m’appeler à n’importe quelle heure. Le moindre problème qu’ils rencontrent, la moindre question qu’ils se posent, je suis là pour y répondre. Même si c’est au beau milieu de la nuit. Ce qui arrive de temps en temps, notamment parce que les Russes ne parlent pas anglais. Ils ont de gros problèmes de communication avec les Thaïlandais. La culture thaïe du sourire, qui dit oui à tout, peut vite agacer un touriste russe qui veut juste avoir tout de suite ce qu’il a demandé. »

 

Asia Yusupova est elle aussi une Russe installée sur l’île. Après avoir travaillé deux ans pour une agence de voyages locale, elle a voulu monter sa propre affaire et lance cet hiver un restaurant… russe ! « Les touristes russes souffrent d’une mauvaise réputation, dit-elle. Moi-même il m’est arrivé, au petit supermarché d’à côté, de tomber sur un de mes compatriotes en train de s’énerver contre la caissière car elle ne parlait pas sa langue. Dans ces moments là, je voudrais juste déchirer mon passeport ! Mais je sais que cela ne reflète pas l’ensemble de la population de mon pays. Malheureusement, la plupart des gens restent bien souvent sur leur première impression, alors que les Russes sont des gens très aimables. »

 

Car finalement, tout est question d’éducation et de culture. « La vie est encore très dure en Russie. Les gens ont une vie très difficile, les situations politique et économique sont toujours aussi mauvaises, explique Ruslan Kurbanov. La nouvelle classe moyenne, qui a de l’argent pour voyager, est exigeante. Le voyage, le tourisme, c’est nouveau pour eux. Tout ce qu’ils veulent pour leurs vacances, c’est se reposer et s’amuser, et qu’on ne vienne pas les embêter. »

 

Marche arrière

 

Tout cela est-il bon pour Koh Chang ? Notre professionnel français, qui tient à rester anonyme, n’y croit pas. « Les Thaïlandais s’y jettent à corps perdu car ce sont eux qui les font vivre en ce moment. Mais ils en font trop : pour s’adapter à cette population et lui plaire, ils perdent peu à peu de leur authenticité, ils délaissent leur architecture traditionnelle, leur décoration, leur manière d’être avec les gens. Et puis il y a une autre donnée importante : les Russes ne sont pas vraiment respectueux de l’environnement, alors que les Thaïlandais ont justement besoin de se retrouver confrontés à des touristes exigeants sur ce plan. Sinon l’île risque de devenir une décharge et de perdre au bout du compte tout attrait touristique. »

 

Certains ont déjà renoncé à la logique du « tout russe ». Après avoir laissé la gestion de leur hôtel à une agence de l’ancienne Union soviétique, les propriétaires du Chang Park Resort & Spa, à Kai Bae, ont fait marche arrière. « Nous avons retrouvé notre hôtel dans un sale état, explique le directeur local, David Higgs. Ils n’avaient pas pris soin des lieux. Ces gens n’ont pas été respectueux de l’établissement et des personnes avec qui nous avions l’habitude de travailler. Nous avons décidé d’en reprendre la gestion car nous avons une réputation à garder. » Certains hôtels, comme le Tropicana Resort à Klong Prao, ont décidé de jouer la prudence dès le début. « C’est difficile de faire sans eux, estime son directeur, Jonas Sjostedt, qui a accueilli à Noël 40% de clients russes. Mais nous ne cherchons pas à aller plus loin. Nous tenons à garder un équilibre dans notre clientèle. Ce n’est pas bon pour les affaires d’être trop dépendant d’une nationalité, car nous ne savons jamais ce qui peut arriver au niveau économique ou même politique dans tel ou tel pays. »

 

Les avis divergent sur cette question. Pour Ruslan Kurbanov, le propriétaire de l’agence de voyage Mango, comme pour Maxim Tolmachev d’Ilvès Tour ou encore Igor Soloshenko de Satang Ru, rien n’est moins sûr. « Les touristes russes viennent de plus en plus à Koh Chang car nous arrivons à faire baisser les prix via les packages et les voyages de groupe, explique Ruslan. Mais Koh Chang restera toujours plus chère que Pattaya. De plus, l’île est appréciée par les familles russes, les couples. Ce n’est pas le même public qu’à Pattaya et nous avons tout intérêt à ce que Koh Chang reste Koh Chang. » Dernier argument, développé également par Igor : « Koh Chang ne sera jamais Pattaya car il n’y a pas les infrastructures suffisantes. Pas d’aéroport, pas d’école, pas de cinéma. Les Russes ne viendront pas ici en masse. »

 

Pour Ayman El Saïd en revanche, l’avenir de l’île de l’Eléphant est tout tracé : « L’aéroport de Trat deviendra international dans les années à venir, c’est sûr. Cette année, j’ai 25% de clientèle en plus. L’année prochaine ce sera 40%. Mais pour autant ce ne sera pas la même chose qu’à Pattaya. Koh Chang est plus calme, plus sûre. Il y en a pour tous les goûts. Les jeunes couples qui veulent faire la fête vont à Lonely Beach. Les familles qui veulent la tranquillité sont à Klong Prao. Et les célibataires qui veulent faire des rencontres peuvent aller un peu partout. » Une chose est sûre : les Russes implantés ici ne souhaitent pas voir se dégrader leur qualité de vie. Peut-être participeront-ils à la sauvegarde de la tranquillité de l’île. De belles rencontres sont également possibles. Asia nous le promet, dans son futur restaurant, il n’y aura que de la nourriture russe, mais ce ne sera certainement pas une « réserve  » pour Russes. « Surtout pas, dit-elle. Je mettrai de la musique venue du monde entier, j’en ferai un endroit cosmopolite qui donnera envie à n’importe qui, de n’importe quelle nationalité, de venir découvrir la culture russe. »

 

Aurélie Bérard / GAVROCHE

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