L’inauguration, ce 3 décembre, de la ligne de train traversant le Laos du nord au sud marque le succès d’un chantier financé en partie par la Chine. Entre surendettement et développement du commerce avec ses voisins, les enjeux sont de taille pour le pays enclavé estime Courrier International.
Les hommes portent des vestes de couleurs foncées et les femmes des jupes de soie fine. Ils font la queue dans la gare rutilante, sous un panneau rouge où est écrit “Vientiane” en lao et en chinois. Puis ils se mettent en branle. Ces membres du parlement laotiens font un voyage test sur la première ligne de chemin de fer du pays.
Le 17 novembre dernier, le train à grande vitesse baptisé Lan Xang en l’honneur d’un ancien royaume laotien conduit ses passagers au départ de la capitale Vientiane jusqu’à Vang Vieng, ville touristique ceinte par de pittoresques montages karstiques. En moins d’une heure, au lieu des quatre que les voyageurs auraient tardé par la route.
Le 3 décembre, le Premier ministre Phankham Viphavanh a effectué le voyage inaugural de Vientiane à Boten, à la frontière nord du pays, à une distance de plus de 400 km. Un nouveau tunnel raccorde désormais Boten à la ville chinoise de Mohan.
Un changement de destin en vue ?
Le lancement de cette ligne à grande vitesse est une grande victoire pour le Laos, un pays humble de 7 millions d’habitants sans accès direct à la mer. Elle pourrait même changer son destin. Financée à hauteur de 6 milliards de dollars [plus de 5 milliard d’euros] par Pékin, exploitée par une société sino-laotienne, elle traverse le pays du nord au sud, jusqu’aux portes de la Thaïlande. Ainsi, elle constitue un axe terrestre qui, espère-t-on ici, rapprochera les économies d’Asie du Sud-Est de la deuxième économie mondiale et de sa nouvelle route de la soie.
Selon les annonces de la presse laotienne, un billet Vientiane-Boten coûtera environ 140 000 kips [11,35 euros]. Mais on ne sait toujours pas exactement quand débutera le transport passager. En attendant, la population locale brûle d’envie de monter à bord.