Pourquoi la monnaie laotienne, le Kip, a t-il dévissé ces derniers mois ? Comment se comporte l’économie laotienne de plus en plus dépendante des prêts chinois ? Explications.
Le Laos est il vraiment en grande difficulté financière ?
Le Laos a des difficultés à accéder à de nouveaux financements, le pays connaît une inflation galopante et une dépréciation de sa monnaie. Ses réserves de change sont faibles. La dette publique et le ratio de dette garantie par l’État du Laos atteindront près de 108 % du PIB en 2022, un record en Asie du Sud-Est. Le volume des prêts consentis au Laos par la Chine pèse largement sur la balance des paiements de ce pays enclavé.
D’où viennent ces difficultés ?
L’inflation au Laos a atteint un record de 23,5% en juin en raison de la hausse des prix mondiaux des matières premières et de la dépréciation de la monnaie, qui ont exacerbé les problèmes de stabilité économique. L’inflation restera élevée selon les experts à 18% en 2022 et pourrait reculer progressivement en 2023 à 12% en moyenne si la baisse des prix du pétrole se concrétise.
Le Kip est il encore utilisé dans les transactions ?
La situation économique liée à l’augmentation des prix des produits de base importés très nombreux au Laos et la dette extérieure a entraîné une dévaluation de 25 % du kip laotien par rapport au dollar américain depuis février 2022 et une dépréciation de 35 % depuis l’année précédente. La devise locale est toujours utilisée dans le quotidien des laotiens, le dollar US est une alternative proposée par les commerçants notamment avec les premiers touristes, dont de nombreux thaïlandais, de retour après et la suppression des restrictions frontalières liées à la pandémie de Covid-19.
Quelles sont les perspectives ?
Les réserves de change sont restées relativement stables depuis juin, cependant, la couverture des réserves par rapport aux importations et aux remboursements de la dette extérieure est faible, il est possible que ces réserves commenceront à diminuer d’ici la fin de l’année de 1,2 milliard de dollar à 900 millions.
La Chine reste une source clé du financement bilatéral. Au moins la moitié des dettes extérieures du Laos sont dues à la Chine.
Les investissements chinois se poursuivent. La Chine est le plus grand investisseur au Laos, avec un investissement cumulé d’environ 16,4 milliards de dollars américains dans 833 projets, selon le ministre du Plan et de l’Investissement, M. Khamjane Vongphosy.
La croissance du PIB ralentira à 2,0 % en 2022, contre 3,2 % en 2021, car les récentes pénuries de carburant et la flambée de l’inflation pèseront sur les perspectives de croissance. À moyen terme, il est possible de prévoir de solides performances à l’exportation d’hydroélectricité, l’ouverture récente du chemin de fer Lao-Chine et la réouverture des frontières pour soutenir une croissance solide d’environ 4,5 % en 2024 et au-delà.
Par hypothèse, le Laos n’est pas viable. C’est un morceau de la chair thaïe dont la France a fait un glacis ; elle aurait mieux fait, en 1947, de favoriser le rapprochement de la Thaïlande et du Laos. La Thaïlande serait – en partie – un pays francophone; le roi Bhumibol parlait français, conduisit des Delahaye, et jouait sur un piano Pleyel.