Depuis plusieurs années, le Laos enregistre des taux élevés d’abandon scolaire, particulièrement dans les provinces d’Attapeu, Sekong, Savannakhet, Bolikhamxay et Vientiane Capital. Selon les rapports du gouvernement laotien, ce phénomène est principalement attribué aux difficultés économiques et à l’accès limité à l’enseignement supérieur.
Lors d’une réunion le 23 janvier, Oudomsin Seesanonth, chef du département de l’éducation et des sports d’Attapeu, a souligné que la majorité des abandons scolaires concernent le secondaire, avec une forte concentration dans les zones rurales.
L’insuffisance des infrastructures éducatives et la pénurie d’enseignants exacerbent ce problème.
Pour remédier à cette situation, il propose d’étendre les infrastructures éducatives, tant en milieu rural qu’urbain, afin de faciliter l’accès à l’école pour les populations vulnérables. Il estime que la construction de dortoirs pour les élèves parcourant de longues distances permettrait de limiter les abandons. Par ailleurs, l’octroi d’allocations aux familles en difficulté allégerait le poids financier de la scolarité. Enfin, le développement de programmes de formation professionnelle offrirait une alternative aux jeunes en situation de décrochage en leur permettant d’acquérir des compétences adaptées au marché du travail et un accès à un revenu durable.
La pénurie d’enseignants constitue un autre défi majeur, notamment à Savannakhet et Bolikhamxay. En 2024, Savannakhet comptait 500 postes vacants, conséquence des démissions d’enseignants bénévoles qui, après une longue attente, n’ont pas obtenu de contrat officiel. De son côté, Bolikhamxay avait un besoin urgent de 413 enseignants supplémentaires, dont 30 pour les jardins d’enfants, 85 pour les écoles élémentaires et 298 pour les établissements secondaires.
Dans la capitale Vientiane, plusieurs facteurs expliquent la déscolarisation des élèves. La crise économique pousse certaines familles à privilégier le travail au détriment des études. L’absence de documents administratifs en règle empêche l’inscription de certains enfants. Le changement fréquent d’emploi des parents entraîne aussi des déménagements, ce qui complique la scolarité des enfants. Par ailleurs, certains élèves arrêtent leur parcours scolaire pour poursuivre des études à l’étranger, tandis que d’autres cessent de fréquenter l’école sans donner de justification.
À Bokeo, la tendance est similaire, avec plus de 5 000 enfants ayant quitté l’école au cours de l’année scolaire 2023-2024. La distance importante entre le domicile et l’établissement scolaire constitue l’un des principaux obstacles, d’autant plus que le manque de logements en dortoirs rend difficile l’hébergement des élèves éloignés.
Les difficultés financières pèsent également sur les familles, tandis que certaines d’entre elles considèrent que poursuivre des études n’est pas une nécessité.
La situation est encore compliquée par un contexte économique difficile. L’inflation galopante, l’augmentation des prix à la consommation et les fluctuations des taux de change rendent l’éducation moins accessible pour de nombreuses familles. Face à ces pressions, de plus en plus de jeunes privilégient l’entrée sur le marché du travail, estimant que cela représente une option plus immédiate et viable pour subvenir aux besoins de leur foyer.
Remerciements à Jean-Michel Gallet
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