Nous démarrons ici une série d’articles et de recensions sur les ouvrages incontournables pour comprendre l’Asie du sud-est et la Thaïlande. Manuel Vásquez Montalbán est un romancier, essayiste et journaliste espagnol, catalan. Il s’est fait connaître mondialement par ses romans policiers dont le personnage principal est le détective privé et gastronome Pepe Carvalho. Inclassable, il se disait communiste hédoniste et sentimental. En 1995, il obtint le Prix National des Lettres espagnoles.
Né en 1939, Manuel Vasquez Montalbán est décédé le 18 octobre 2003 d’une crise cardiaque lors d’une escale à l’aéroport de Bangkok alors qu’il revenait d’Australie où il avait prononcé une série de conférences sur la littérature policière et le rôle des écrivains dans la construction démocratique.
Ce qu’il aime, Pepe Carvalho, c’est avant tout Barcelone, la colline de Vallvidrera, où il habite, l’allée des Ramblas où il a son bureau, où encore un bar de la place de la Gardenya où il peut déguster une tortilla.
Il aime aussi Charo, sa maîtresse, une prostituée.
Alors pourquoi la Thaïlande ?
Parce qu’une amie, Teresa, l’appelle au secours depuis Bangkok.
Une fois sur place, il apprend que Teresa et son amant thaïlandais sont recherchés par la police et par des truands auxquels ils ont subtilisé des diamants.
Koh Samui et la Malaisie
Il se lance alors dans une aventure qui le conduit jusqu’à l’île de Koh Samui puis en Malaisie.
Il croise en chemin un moine bouddhiste, un Français normalien et taoïste, des drogués au bout du rouleau et renonce finalement à son enquête.
Comme toujours avec Montalbán, les intrigues qui s’entrecroisent et qu’il serait trop compliqué autant qu’inutile de détailler, sont avant tout un prétexte à une critique féroce et sans illusion de la société.
C’est ainsi par exemple qu’il porte un regard sarcastique sur les touristes occidentaux, totalement ignorants de la civilisation locale, qui, attirés uniquement par le sexe et le soleil, viennent s’encanailler à Bangkok.
S’il juge le pays corrompu, Montalbán aime la Thaïlande où il a beaucoup séjourné.
Certes, sa description du pays à l’aube des années 1980 a vieilli, mais celle de notre monde et de ses travers n’a pas pris une ride.
Au total « Les oiseaux de Bangkok » est un excellent roman qui reste étonnamment d’actualité alors qu’il est paru en 1983.
Patrice Montagu Williams