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Avant la flamme rouge

Date de publication : 15/01/2020
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Nous avons chroniqué, dans les colonnes de Gavroche, le dernier roman de l’écrivain français Guillaume Sire consacré au Cambodge et aux atrocités du régime des Khmers Rouges. Dans un entretien, celui-ci revient sur la rédaction de son ouvrage « Avant la longue flamme rouge » paru aux éditions Calmann Levy. Gavroche, interlocuteur privilégié des éditeurs et des écrivains sur l’Asie du sud-est. Telle est aussi notre vocation !

 

Nous publions ici un entretien avec le romancier Guillaume Sire, auteur de «Avant la longue flamme rouge» (Éditions Calmann Levy)

 

– Pourquoi le Cambodge comme sujet de ce roman ?

 

Quand on arrive là-bas, on a l’impression d’arriver sur le rivage de Troie quelques années après la guerre. Il y a partout des morceaux à recoller, des dieux bouddhistes et hindouistes déboulonnés, et des histoires à recomposer. On vous raconte des tragédies, mais aussi des histoires drôles, fantastiques, héroïques, et tout est vrai… Et tout est romanesque !

 

– Quelle est votre familiarité avec ce pays et avec l’Asie du sud-est ?

 

Je suis allé en Thaïlande, au Vietnam et en Indonésie, mais mon voyage le plus marquant fut sans doute le Cambodge, que j’ai visité pour écrire « Avant la longue flamme rouge ». C’était avec mon ami Julien Gorrias, à qui le roman est dédié. Nous avons fait le tour du Tonlé Sap. Nous avons rencontré des botanistes qui nous ont appris à reconnaître les arbres. Partout où nous passions, il fallait réussir à nommer ce que nous sentions, ce que nous goûtions, les ambiances. L’objectif était de mettre des mots sur tout cela, et de rapporter ensuite ces mots à la maison, pour écrire ce roman. C’est sans doute cet objectif qui a rendu ce voyage si inoubliable.

 

– La tragédie cambodgienne est elle «romanesque» ?

 

L’Histoire est là pour mettre de l’ordre, compter les morts, comprendre les mouvements des armées, les décisions clés, etc. Le roman quant à lui est là pour documenter l’incohérence. En pleine guerre civile, on ne sait pas ce qui se passe. Quand on entend des coups de feu derrière des palmiers, on ne va pas essayer de comprendre qui a tiré, on part en courant dans le sens opposé. Le roman permet de rendre compte de cela : du chaos, de l’urgence, de la peur. Donc oui, de ce point de vue, la tragédie est romanesque. Ou plus exactement : il faut qu’elle soit romanesque, car le roman aussi a sa part à jouer dans le devoir de mémoire.

 

– Quels sont vos livres de chevet sur le Cambodge ?

 

Avant tout «L’anarchiste» de Soth Polin. Ce livre est inouï. Et « Génial et Génital » un autre livre de Soth Polin traduit en français. J’ai lu tous les livres du Père Ponchaud, et je l’ai rencontré, ce qui m’a beaucoup aidé pour écrire mon roman. Je pense qu’il y a des choses très fortes aussi dans « La Voie Royale » d’André Malraux, qui est souvent un livre mal compris. Il faut lire aussi François Bizot (Le portail, Le saut du varan et Le silence du bourreau), Rithy Panh (L’Élimination) et Hélène Cixous (L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge).

 

– Sur quel projet travaillez-vous en ce moment ?

 

Je travaille sur un projet qui n’a rien à voir avec l’Asie du sud-est. L’action du roman se déroulera dans les Corbières, là encore c’est un décor inouï, où sur chaque colline on trouve des histoires de monstres, de trésors enfouis et de miracles apocryphes— du pain béni pour un romancier !

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