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De la Birmanie au Myanmar

Date de publication : 15/01/2025
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Le British Museum et les clés de la période coloniale, une chronique birmane de François Guilbert.

 

Il y a un an tout juste s’achevait au British Museum une exposition de quatre mois consacrés aux arts de la Birmanie, devenue en 1989 le Myanmar selon les désidératas du régime militaire conduit alors par le général Saw Maung (1928 – 1997). Un moment patrimonial rare, pour ne pas dire sans précédent outre-Manche du fait du très large champ historique couvert et le nombre de pièces illustratrices.

 

Pour accompagner ce moment d’exception, sous la direction de la conservatrice du département d’Asie du Sud-Est de l’établissement culturel londonien, Alexandra Green, un catalogue récapitulatif très nourri, très documenté a été mis en forme. Ses neuf chapitres ont été l’occasion de mettre en lumière l’ampleur des collections assemblées dans les pinacothèques du Royaume mais également leurs limites. Pas moins de quatorze d’entre elles ont d’ailleurs participé à l’exhibition. Toutefois, les pièces disponibles dans les collections nationales voire auprès de particuliers se sont révélées « répétitives » voire, dans une certaine mesure, « décevantes ».

 

Les œuvres birmanes accessibles en Grande Bretagne reflètent plus les goûts et les exigences des colonisateurs britanniques que ceux de commanditaires birmans.

Autrement dit les objets offerts à la vue des visiteurs ou de propriétaires privés sont plus souvent des objets produits pour des Européens dans un style « birman » que des matériaux réalisés pour un usage autochtone et que des Européens auraient acquis en seconde main. Dans un tel contexte, la commissaire de l’exposition se demande fort à propos dans son introduction comment écrire l’histoire de l’art de la Birmanie voire du Myanmar dans un tel contexte et alors que l’isolement répété de la nation birmane ne permet pas de collaborer étroitement avec les institutions patrimoniales locales et les collectionneurs autochtones.

 

Exploration de l’époque coloniale

 

Alexandra Green et ses dix contributeurs associés se sont attelés à explorer les productions de l’époque coloniale (1826 – 1948), les textiles des Karens, les matériaux réalisés à l’époque de la Seconde guerre mondiale, les réalisations des communautés ethniques ou encore des activistes contemporains. Une démarche britannique novatrice à laquelle est venue également apporter leurs pierres le musée des Arts asiatiques de Singapour, la bibliothèque G. W. Leibniz de Hanovre, des galeristes et des particuliers mais qu’il convient de poursuivre et amplifier académiquement.

 

Formons le vœux qu’une Birmanie revenue sur le chemin de la stabilité, d’un Etat de droit et des libertés saura dans l’avenir s’associer et s’investir intellectuellement et administrativement dans des démarches scientifiques et holistiques visant à mieux saisir son processus créatif au fil des siècles. En attendant, force est de constater que la guerre civile provoquée par le coup d’État du général Min Aung Hlaing le 1er février 2021 n’a pas totalement interrompu les processus de créations artistiques, en particulier chez ses opposants de l’intérieur. Le régime militaire en a modifié les modalités, les thèmes et les modes de diffusion des œuvres mais caricaturistes, illustrateurs, peintres et photographes continuent à se montrer pro-actifs, à rayonner, quitte à se mettre individuellement et collectivement en danger. Ils n’en méritent à l’étranger que plus d’attentions, d’échos et de considérations.

 

Alexandra Green (ed.) : Burma to Myanmar, The British Museum, Londres, 2023, 272 p, 48€

 

François Guilbert

 

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