London Escorts sunderland escorts

Émile de Girardin, le Napoléon de la presse

Date de publication : 15/02/2025
0

 

Chaque semaine, Gavroche vous propose un livre qui suscite le débat

 

Émile de Girardin, tueur de papier

 

Il commença à créer des journaux en 1828, après le succès d’un roman de jeunesse sorti de nulle part et intitulé de son prénom: « Émile ». Émile de Girardin (1802-1881) fut un Empereur de papier dont la vie se mêla à ses publications, imprimées dans un seul but: acquérir le maximum de pouvoir et d’influence. Le premier de ses titres donnait le ton, et nous démontrait que la question de la propriété intellectuelle et du pillage éditorial est bien plus ancienne que l’intelligence artificielle. «Le voleur», le premier quotidien lancé par de Girardin récoltait les infos dans les autres journaux et les republiait aussi vite que possible. Sa légende fut ensuite constellée de nouvelles parutions, en particulier «La presse», l’un des titres les plus suivis de son époque.

 

Dans son essai biographique « Émile de Girardin, Le Napoléon de la presse » (Ed. Gallimard), l’universitaire française Adeline Wrona raconte l’histoire d’un journalisme à la solde des puissants et de l’argent. Tel fut, pendant longtemps, le sort des plumitifs payés à la ligne quand leurs articles se retrouvaient imprimés. Il fallait obéir. Servir une cause, puis une autre. Mais cela n’empêcha pas de grands combattants de l’esprit, comme Lamartine, Zola ou Hugo, de sortir de ces décombres de corruption et d’ambition.

 

Le plus fascinant dans ce livre est le mélange des genres. On fut très longtemps éditeur et député, ministre, actionnaire de grandes compagnies de chemins de fer. Ne l’oublions pas à l’heure de juger Donald Trump et Elon Musk. Leurs méthodes furent jadis à l’honneur sur ce continent. Le moment le plus émouvant est le duel qu’Émile de Girardin remporta, en juillet 1836, face au fougueux journaliste Armand Carrel. Un tir chacun. Deux blessures. Et la mort, deux jours après, pour ce prince des lettres que le patron de presse ne se pardonna jamais d’avoir tué.

 

Le journalisme est toujours, même lorsque le pouvoir et l’argent sont en embuscade, une affaire de passions.

 

«Émile de Girardin, Le Napoléon de la presse»
Adeline Wrona (Ed. Gallimard)

 

Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.

Les plus lus