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Growing Up in a Nonya Kitchen

Date de publication : 30/03/2025
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Growing Up in a Nonya Kitchen

 

Bien plus qu’un livre de recettes singapouriennes… Une chronique culinaire de François Guibert.

 

Conçu comme un album de souvenirs, le livre de Sharon Wee est bien plus qu’un livre de recettes singapouriennes. Photos anciennes à l’appui, elle narre l’histoire de sa famille chinoise venue s’installer en Asie du sud-est voici cinq générations. Elle distingue même un de ses ancêtres honoré par le pouvoir impérial pour avoir défendu la province du Fujian contre les Français dans le dernier quart du XIXème siècle.

 

Incarnation de l’héritage peranakan, l’écrivaine culinaire conte les pérégrinations géographiques et professionnelles des siens, une parentèle sino-malaise fortunée

 

Elle dépeint la créolisation de son clan, de son alimentation et de ses pratiques culinaires. L’auteure s’interroge sur l’assimilation et les multiples entrecroisements des cultures gastronomiques arabe, chinoise, chitty, eurasiatique et jawi. Elle cherche à comprendre en quoi la diminution du nombre de femmes demeurant seulement au foyer modifie la culture culinaire singapourienne contemporaine. Pour donner plus d’épaisseurs explicatives à quelques-unes de ses remarques anthropologistes, elle a invité des auteurs renommés pour parler en deux feuillets concis de la cuisine et de la bijouterie peranakan, des tables malaises, de la langue baba (mélange de malais et d’hokkien) ou encore des blouses kebaya. Des études complétées en clôture du manuscrit par deux bibliographies détaillées consacrées aux saveurs malayo-singapouriennes et au patrimoine peranakan.

 

Le livre mis en vente l’année dernière n’est pas à proprement totalement nouveau. La chroniqueuse culinaire de la Cité-Etat installée à New York a repris avec notamment une nouvelle maquette son ouvrage à succès publié en 2012. Elle l’a toutefois adapté aux goûts du jour, en accordant plus d’importance aux légumes, par exemple. Dans cette mouture, elle a souhaité associer au mieux santé et régime peranakan traditionnel.

 

Le ton est toujours aussi intimiste, direct et chaleureux pour dépeindre par le menu détails l’alimentation peranakan dans son versus nonya

 

Les calibrages d’antan (kati, tahil) sont présentés dans leur acception contemporaine. Un travail mémoriel qui permet de fixer par écrit pour les générations futures des savoirs longtemps véhiculés seulement à l’oral, dans le secret des foyers, des cuisines voire des discussions des temps sociaux élargis. Pour partager ses connaissances et ses pratiques, Sharon Wee a divisé son ouvrage en neuf segments principaux. Ils s’articulent autour des temps de la famille, des fêtes et de la socialisation. Ainsi ont été chapitrés les pâtisseries pour les clubs de femmes au foyer, les récompenses sucrées, le Nouvel An chinois, Noël, les moments avec les amis, les repas du dimanche en famille et ceux du quotidien. Une manière de faire des lecteurs et des lectrices des convives invités au cercle relationnel très privé de l’autrice.

 

Des menus du quotidien sont proposés. Y sont spécifiés le piquant, les présences de gluten ou de lactose. Avec des illustrations photographiques omniprésentes, l’œil est attiré par les couleurs très chatoyantes des desserts. Aux vues de leur nombre, la réalisatrice est, à n’en pas douter, un bec sucré. Avec franchouillardise, on dira que c’est notamment grâce à son passage par le French Culinary Institute en 2005. Reconnaissons néanmoins que la richesse du manuscrit ne s’arrête pas aux desserts, l’index final, de plus de dix pages en simples interlignes, est là pour en témoigner avec brio.

 

Sharon Wee : Growing Up in a Nonya Kitchen, Marshall Cavendish, Singapour, 2023, 471 p, 54,10 €

 

François Guilbert

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