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La voie Royale

Date de publication : 31/07/2019
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Notre ami Patrice Montagu-Williams poursuit pour nous sa lecture de la bibliothèque asiatique idéale. Notre objectif ? Passer en revue les livres incontournables pour mieux comprendre cette passionnante région. À nos lecteurs spécialistes de l’histoire de compléter certains aspects. Gavroche est une plate-forme d’information interactive. Nous comptons sur vous !

 

Passionnés de lecture et de romans, Gavroche vous traite avec soin cet été !

 

Grâce aux contributions de notre ami Patrice Montagu-Williams, les rayons de votre bibliothèque idéale s’enrichissent chaque semaine de nouveaux titres puisés dans le panthéon de la littérature contemporaine consacrée à l’Asie. Logique, dans pareil cortège, de retrouver André Malraux et sa «Voie royale»…

 

Quand Malraux s’embarque en 1923 pour le Cambodge, il n’a qu’un but : piller un temple khmer pour régler ses problèmes d’argent. L’histoire se terminera mal, mais il en tirera les éléments de son premier grand roman : «La Voie Royale».

 

Jeune écrivain sans ressources

 

En ce début des années vingt, Malraux n’est encore qu’un jeune écrivain sans ressources qui cherche la notoriété. Mythomane, il s’invente un passé glorieux et se prétend prince d’un pays lointain, ce qui a de quoi séduire la belle et aventureuse Clara Goldschmidt

 

Fille d’une riche famille allemande, elle renie son mi-lieu et ses parents pour Malraux avec qui elle s’enfuit en Italie, et qu’elle épouse sans tarder.

 

Bientôt, le couple écume la vie culturelle parisienne. Mais, en 1921, le drame arrive : Malraux, qui n’a jamais été un grand homme d’affaires, perd son argent placé dans des placements hasardeux.

 

À Clara qui lui demandait ce qu’il compte faire, il répond : « Vous ne pensez quand même pas que je vais travailler ? En fait, Malraux a une idée : grand amateur du musée Guimet, il a appris l’existence d’un temple cambodgien à demi oublié, à Banteay Srei, la citadelle de la beauté en khmer.

 

En vendant quelques statues, cela permettrait au couple de vivre deux à trois ans… Malraux contacte plusieurs amateurs d’art américains et obtient une autorisation de recherche du gouvernement français : l’expédition est lancée et, en octobre 1923, il embarque à Marseille au bord de l’Angkor pour un voyage de quatre semaines vers le Cambodge.

 

Contre le colonialisme

 

Celui-ci se terminera mal puisqu’il est arrêté et condamné à trois ans prison ferme (ramenés finalement à un an avec sursis) pour avoir tenté de s’emparer de plusieurs bas-reliefs.

 

Plus tard, Malraux, sous l’influence notamment de l’avocat Paul Monin, prendra fait et cause pour la population annamite et contre le colonialisme et son administration jugée inique et corrompue. Pour ce faire, les deux compères lancèrent un quotidien de combat, « L’Indochine », et, par la suite, Malraux ne renoncera jamais à ses convictions.

 

Le livre Paru en 1930 aux éditions Grasset, il reçoit la même année le premier Prix Interallié jamais attribué. La trame se déroule en Asie du Sud-est à l’époque coloniale. Les personnages partent en expédition dans la jungle, le long de l’ancienne voie royale. L’un cherche d’abord des objets monnayables, l’autre veut retrouver une vieille connaissance disparue.

 

L’horreur de l’inhumain

 

Les aventuriers doivent survivre dans un environnement hostile (marais, embûches, insectes géants…). Mais surtout, une fois parvenus, chargés de leur butin, en territoire insoumis, ils découvriront, en retrouvant l’un des leurs prisonnier des tribus Moïs, l’horreur de l’inhumain.

 

Malraux dévoile ainsi ce qui fait la force de l’aventure, celle de nous pousser dans une vie plus réelle, plus intense où l’on arrête de simplement vivre pour enfin exister. « Tout aventurier est né d’un mythomane » nous dit-il et l’extraordinaire naît souvent du banal.

 

Malraux soulève dans ce livre le problème de l’être humain confronté à une force supérieure : la nature elle-même. Roman d’aventures, partiellement autobiographique, La Voie royale est aussi une réflexion passionnée sur la mort et sur les vains défis que l’homme lui oppose.

 

Patrice Montagu-Williams

 

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