Les éditions Marabout se mettent à table ! Une chronique culinaire et sociétale de François Guilbert

Les éditions Marabout ont lancé simultanément le 15 janvier cinq ouvrages consacrés aux cuisines d’Asie (Chine, Cambodge, Corée, Thaïlande, Vietnam). Pour se faire, elles se sont appuyées sur des auteurs maison. Chacun avait d’ailleurs déjà publié plusieurs manuscrits de recettes simples consacrés à l’Asie du sud-est ou du nord-est. Mais ici, il s’agit de livres de poche à l’épaisseur modeste : 64 pages. Paginations et achats à prix modestes. Ils sont distribués en librairie au prix unique de trois euros ; du jamais vu.

Les plats mis en scène, avec chacun leur photo sur les pages de droite, sont également accessibles aux bourses de tous. Certes, on peut être appelé à employer des ingrédients du cru (ex. basilic thaï, champignons noirs déshydratés, choux chinois, concentré de tamarin, curcuma, galanga, nuoc-mam, pâte de curry…) mais rien qui ne soit onéreux et dorénavant pas communément accessible dans les rayons français de la grande distribution, à l’acceptation peut être des feuilles de combava. Tous les plats n’en contiennent pas bien évidemment. Dès lors pourquoi ne pas passer à l’action ? Franchement, rien ne peut s’y opposer, pas même le temps de réalisation

Les 30 assiettes illustrées par manuscrit sont à concocter pour la plupart pour des tablées de quatre personnes. Signe des temps, elles sont présentées comme réalisables en 5, 10, 15, 20, 25 ou 30 minutes. Près des deux-tiers des projets sont toutefois à préparer au tour de la demie heure. Pas besoin néanmoins d’être diplômé d’une école de cuisine pour donner corps à l’une ou l’autre à toute vitesse ; juste un peu de méthode et d’attention. Au fond, sur moins de cent grammes de papier a été dépeint le met principal d’un repas par jour sur un mois.

Sur le plan narratif, on pourrait débattre des choix faits comme étant emblématiques des caractères culinaires « nationaux » du Cambodge, de la Thaïlande et du Vietnam mais les opuscules édités n’ont pas vocation à être des essais sur les identités gastronomiques. Il n’y a d’ailleurs aucun chapitre introductif sur les singularités khmères, thaïes ou vietnamiennes. Ils ne sont rien d’autres que des guides pratiques de mises en œuvre sur la base de conseils succincts. Les choix éditoriaux n’en reflètent pas moins vers quels pays les goûts asiatiques français se tournent aujourd’hui. Destinations touristiques et restaurants de cuisine « exotique » accessibles dans l’hexagone ont donné beaucoup d’attraits aux menus familiaux de la Thaïlande et du Vietnam mais également, c’est plus nouveau, du Cambodge, ce dont témoigne cette nouvelle collection de livres simples. Il en est de même vis-à-vis de l’Extrême-Orient pour l’intérêt porté depuis peu à la cuisine coréenne.

Dans ce panorama gustatif et éditorial asiatique dont sont absents les mondes birman, himalayen et malais, l’Inde est un autre parent pauvre, même si un intérêt grandissant est perceptible pour le sous-continent depuis quelques années. Pour preuve, dans la catégorie des livres de recettes pour les cuistots pressés, en septembre dernier les éditions Synchronique ont publié sous la plume de Chetna Makan un manuscrit de 208 pages intitulé « Cuisine indienne ultra-facile en 30 minutes ! ». Nos horizons francophones sur la gastronomie asiatique s’élargissent ainsi peu à peu. Que du bonheur pour nos papilles !

Louis Girod – Sandra Mahut : Un dîner au Cambodge, prêt en 30 minutes, Marabout, 2025, 64 p, 3€

Orathay Souksissavanh  – David Japy : Un dîner en Thaïlande, prêt en 30 minutes, Marabout, 2025, 64 p, 3€

Orathay Souksissavanh – Charlotte Lascève : Un dîner au Vietnam, prêt en 30 minutes, Marabout, 2025, 64 p, 3€

François Guilbert

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