Voyager, c’est aussi une affaire de plats, une chronique culinaire et sociétale de François Guilbert
Chacun a ses critères pour décider de ses séjours à l’étranger. Mais pour bien des voyageurs, l’offre culinaire constitue un puissant facteur d’attraction. On peut même dire un motif décisionnel de plus en plus important, tant pour les déplacements individuels que de groupes. Afin d’aider les globe-trotters, la Britannique Sarah Baxter a décidé de dépeindre vingt-cinq de ses destinations gastro-touristiques phares. Parmi celles-ci figurent en bonne place des tables d’Asie – Pacifique : six sur vingt-cinq dans ce recueil mais également des villes de l’hexagone (Lyon, Marseille), d’Europe (ex. Nuremberg en Allemagne, Oostdunkerque en Belgique, Whitstable dans le Kent), du pays touchète (Géorgie) et des Amériques (ex. Nouvelle-Orléans, Montréal, Lima). Quel dommage, l’Afrique est absente de ce périple mais également pour l’essentiel le monde arabo-méditerranéen.
Les critères de choix des lieux vantés ? Ils ne sont pas énoncés. Au fond, peu importe. Il ne s’agit pas d’établir un palmarès des sites immanquables mais de suggérer quelques lieux de goût, là où il fait bon déambuler et manger, notamment de la cuisine de rues. L’arbitraire n’est pas ici problématique. Pourquoi, en effet, ne pas partager tout simplement ses coups de cœur, même si c’est au prix de l’oubli de destinations que l’on aurait soi-même mis à l’inventaire des incontournables, à commencer en Asie par Hong Kong, l’Indonésie, Singapour ou encore la Thaïlande ?
Les reportages illustrés par des gravures vintages aux couleurs chatoyantes d’Amy Grimes nous conduisent à arpenter en Asie – Pacifique cinq villes (Hanoï, Jeongju, Melbourne, Osaka, Udupi) et une région, celle du Sichuan au sud-ouest de la Chine. Un choix pour le moins éclectique mais pas contestable en soi !
Si tous les gourmets ne peuvent être surpris de se voir proposer le chef-lieu de la préfecture du Kansai, connu pour sa réputation de territoire de bons vivants et pour ses 90 étoiles au guide Michelin, pas sûr que nombres de gastro-touristes auraient spontanément évoqué la cité indienne du Karnataka et sa cuisine végétarienne, ou encore la capitale de la province du Jeolla du Nord. Cette dernière bénéficie pourtant d’une très grande notoriété en Corée du Sud pour la qualité de ses fraises et surtout depuis 2012 son label de « Ville de la gastronomie de l’UNESCO ». Ses expositions internationales des aliments fermentés et plus encore son festival du bibimbap et sa Fondation pour la mondialisation du bibimbap ont, en effet, fait sa renommée transfrontalière.
A l’image de Jeongju décrit par l’entremise de son fameux mélange bibimbap, chaque destination retenue est l’occasion de s’arrêter sur un met de référence (ex. pho de Nam Dinh au Vietnam, soupe rasam et payasam (pudding au lait sucré) du sud-ouest indien, mapo tofu chinois de Chengdu, brochettes de viande et de légumes japonaises kushiyaki). Plus encore, au fils des courts chapitres, l’autrice parle de traditions culinaires, de créations, d’évènementiels gustatifs mais aussi de mondialisation, notamment quand il s’agit d’évoquer l’offre de restauration d’une métropole de migration aussi diversifiée que Melbourne en Australie ou d’une mégalopole comme Osaka au Japon. En bref, voici de dynamiques enquêtes qui donnent l’envie de partir à la découverte de nouveaux paysages et de nouvelles saveurs.
Sarah Baxter : Voyage autour des lieux gourmands, Éditions Christine Bonneton, Chamalières, 2024, 144 p, 17,90 €
François Guilbert
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