Une analyse publiée dans le magazine The Economist s’interroge des retombées sur l’économie vietnamienne d’un vieillissement prématuré de sa population. Selon le magazine, le niveau de vie et les structures de l’économie vietnamiennes ne permettront pas au pays d’offrir des réponses adéquates à ce défi démographique.
Les prévisions ne sont pas optimistes.
L’hebdomadaire anglais The Economist a publié la semaine dernière un essai de prévision à partir de chiffres fournis par l’unité de recherche en démographie des Nations Unies.
Le Vietnam reste un pays jeune, avec un âge moyen estimé à 26 ans.
Cependant, selon les Nations Unies, la part des plus de 60 ans, qui représente aujourd’hui 12% de la population, en représentera 21% en 2040.
Cette évolution n’est pas propre au Vietnam, mais elle est l’une des plus rapide en Asie, derrière la Chine (première au tableau) et avant la Malaisie.
L’allongement de l’espérance de vie, qui est passée de 60 ans dans les années 1970 à 76 ans aujourd’hui, témoigne de l’amélioration des conditions de vie des Vietnamiens.
Elle se conjugue à une réduction très forte du taux de fertilité.
Aujourd’hui, une famille vietnamienne citadine élève en moyenne 2 enfants, contre 7 dans les années 1980.
Ces observations, à premier abord, n’ont rien d’exceptionnel, puisqu’elles correspondent à la tendance mondiale du vieillissement de la population dans les sociétés dites « développées » ou en voie de l’être.
D’où vient donc le problème pour le Vietnam ?
Le premier problème est financier: il s’agit de la prise en charge de cette croissante population de seniors.
Ainsi, lorsque la Corée du Sud et le Japon, cas d’école en la matière, ont été confrontés au même problème, leur population active générait déjà, respectivement, un PIB annuel par habitant de 32 000 dollars et 31 000 dollars.
Au Vietnam, cet indicateur n’était que de 5000 dollars en 2013, contre 9000$ chez son voisin chinois.
Quelles seront donc les retombées sur la société vietnamienne ?
Parmi les groupes les plus vulnérables figurent les personnes vivant en zone rurale, qui sont également les zones laissées en marge du développement économique.
En raison du départ de la main d’œuvre dans les villes, l’isolement des personnes âgées s’accroît : 40% des hommes vivant à la campagne sont âgées de 75 ans ou plus.
Les programmes de pension publiques, lorsqu’ils existent, s’élèvent à quelques dizaines de dollars par mois.
Un tiers des plus de 60 ans n’ont pas d’assurance santé, et les départements de gérontologie sont absents de la plupart des hôpitaux du pays.
The Economist relève, depuis deux ans, la timide mise en place de nouvelles politiques publiques pour sortir de cette impasse socio-économique.
La politique sur l’enfant unique a été assouplie l’an dernier, et l’âge de la retraite a été porté à 60 ans pour les hommes et 62 pour les femmes (contre 55 et 60 auparavant).
Des experts devraient plancher, à partir de 2019, sur un nouveau dispositif d’assurance santé et d’aides sociales.
Le magazine se montre cependant extrêmement réservé quant à l’impact des actuelles politiques publiques : rien ne changera, conclut-t-il, tant que le taux de croissance du Vietnam restera miné par la prépondérance de son secteur primaire, qui représente encore 18% de son économie.
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Thibaud Mougin
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