L’équation est simple. Lorsque la demande pour un produit explose, le secteur qui le fabrique accroit sa production. Et ceci, au détriment souvent des conditions de travail, inféodées au rythme des commandes. La réalité vaut pour la Malaisie, l’un des leaders mondiaux de la production de gants en latex. plusieurs organisations non gouvernementales ont enquêté.
Cachez ces gants qu’une main d’œuvre mal payée et parfois exploitée pour vous produit en Malaisie.
Depuis des semaines, l’organisation «Business for Human Rights» multiplie les avertissements sur les conditions de travail pour la production de gants en latex en Malaisie.
Ces derniers sont jugés essentiels dans la prévention de la transmission du coronavirus. Mais ils sont problématiques sur le plan social, compte tenu de la législation en vigueur dans ce pays d’Asie du sud-est leader en la matière, car il est l’un des principaux producteurs de latex au monde.
Pour mémoire, la fédération de Malaisie produit environ 70% des gants jetables en latex. Or avec la pandémie de Covid-19, la demande a explosé, surtout pour le personnel médical.
En 2020, La Malaisie exportera 225 milliards de gants jetables (+33%), pour une valeur de 21,8 milliards de ringgits (4,7 milliards de francs), selon les projections de l’association MARGMA qui regroupe les principaux pays producteurs. La plupart des ouvriers viennent d’Indonésie, du Népal, du Bangladesh et de Birmanie.
Commandes européennes et américaines
Selon Business for Human Rights, interrogé par Gavroche, les fabricants de gants en caoutchouc de Malaisie – le plus grand producteur mondial de gants médicaux – font état d’une très forte augmentation des commandes en provenance d’Europe et des États-Unis à la suite de la pandémie COVID-19, au profit d’entreprises précédemment liées à l’exploitation des travailleurs migrants et aux allégations de travail forcé, de confiscation de passeports, de retenue illégale de salaire et de restriction de la liberté de circulation.
En mars 2020, les États-Unis ont levé l’interdiction des gants en caoutchouc jetables fabriqués par WRP Asia Pacific, qu’ils avaient promulguée en septembre dernier à la suite d’allégations de travail forcé. Les États-Unis ont déclaré que l’entreprise ne produisait plus de gants en caoutchouc dans des conditions de travail forcé.
Passeports confisqués
Au Royaume-Uni, le NHS a récemment acheté 88,5 millions de gants médicaux à Supermax. L’année dernière, les travailleurs des installations de Supermax en Malaisie ont déclaré avoir payé des frais de recrutement excessifs aux agents, avoir été confisqués de leur passeport, avoir travaillé 12 heures par jour pendant 30 jours sans repos, avoir été victimes de mauvaises conditions de travail et d’hébergement, et avoir subi des déductions salariales pour avoir dénoncé les conditions de travail. Supermax a rejeté ces plaintes.
Les militants migrants ont averti que le travail forcé dans l’industrie des gants médicaux en Malaisie est probablement encore très répandu, alors que l’Organisation internationale du travail a indiqué qu’il pourrait encore y avoir des éléments de travail forcé.
Les militants appellent les gouvernements qui importent des gants médicaux de Malaisie à respecter leurs engagements en matière d’esclavage moderne afin de garantir la protection des travailleurs qui produisent des gants en caoutchouc pour lutter contre la pandémie de Covid-19.
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