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MALAISIE – DÉFENSE : Nouvelle polémique sur la mise en chantier de navires de combat

Date de publication : 03/06/2023
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Scorpene France

 

En 2022, Anwar Ibrahim, chef de file de l’opposition, avait déclaré : “Nous devons arrêter et mettre fin à cette absurdité”. Le gouvernement avait à l’époque  passé un contrat pour six navires de combat littoraux (LCS) pour un montant de 9 milliards de RM (1,95 milliard de dollars) sans qu’aucun ne soit livré.

 

Le premier ministre Anwar Ibrahim a promis d’éradiquer la corruption avec toute la force de la loi. Il projette de féroces théâtres anti-corruption – surtout si des ambassadeurs, des hommes d’affaires étrangers et la presse internationale sont présents. Mais le gouvernement d’Anwar vient d’approuver 11,2 milliards de RM pour relancer le malheureux contrat LCS – en payant plus pour moins – cinq navires au lieu de six. Aucun des fonds détournés n’a été récupéré. Aucun ministre ou haut fonctionnaire n’a encore été inquiété.

 

Cette polémique fait suite à la controverse autour des sous marins français.

 

En 1990, Najib Razak, en tant que ministre de la défense, avait passé un contrat pour deux sous-marins français Scorpène qui ne pouvaient pas plonger, ce qui a également causé le meurtre en 2006 du mannequin mongol Altantuya Shaariibuu, qui servait d’interprète dans le cadre de ce contrat. C’est ce même entrepreneur français, DCNS/Thales, qui s’est vu attribuer le contrat LCS par Zahid Hamidi lors de son revirement de la conception néerlandaise Sigma vers le LCS français Gowind. Il semblerait que Najib ait influencé la décision.

 

Les militants sont contrariés par le fait qu’Anwar ait caviardé des détails sensibles de l’enquête de la commission des comptes parlementaires, en vertu de la loi sur les secrets officiels. Zahid Hamidi fait face à 47 autres accusations d’abus de confiance, de corruption et de blanchiment d’argent dans le cadre d’un autre scandale. Les parties expurgées du rapport de la commission des comptes parlementaires auraient pu mettre en cause la responsabilité juridique de Zahid et d’anciens ministres.

 

Lorsque Zahid a été acquitté des accusations de blanchiment d’argent sur les approbations de visas en tant que ministre de l’intérieur en septembre 2022, l’Attorney-General a demandé à l’accusation de ne pas faire appel. Le même procureur général a été maintenu dans la nouvelle administration d’Anwar. Rien n’a changé, à l’exception des slogans anti-corruption d’Anwar qui perdent de leur crédibilité.

 

Un réseau incestueux d’escrocs

 

La MACC (Malaysian Anti-Corruption Commission) a retracé les paiements de LCS à trois sociétés enregistrées à Singapour. Elle a convoqué un haut responsable de la Boustead Heavy Industries Corporation et une femme PDG d’une autre société pour obtenir des déclarations sur les flux de paiement. Mais la MACC a soigneusement évité d’enquêter sur les cerveaux de l’escroquerie. Aucun ministre ou secrétaire général des ministères de la défense et des finances ne fait l’objet d’une enquête. Or, ce sont eux qui ont été les principaux artisans de l’escroquerie.

 

Le C4 Center (Center to Combat Corruption and Cronyism) a dressé le tableau des sociétés à participation croisée et l’a publié en septembre 2022 sous le titre “(LCS) Scandal — The Crooks & Villains behind Malaysia’s Defense Procurement” (Scandale LCS – Les escrocs et les méchants derrière les achats de défense de la Malaisie). Lodin Wok Kamaruddin, l’un des acteurs principaux, est un confident de Najib Razak en politique et dans les affaires de copinage.

 

À l’instar de son célèbre cousin 1MDB, le désastre de LCS a été, selon le site d’information Asia Sentinel, conçu par des acteurs bénéficiant de la même impunité que le pouvoir politique qui subvertit les procédures régulières. Ni 1MDB ni LCS ne sont des cas isolés. Ils suivent le scénario conçu par Mahathir et Daim Zainuddin pour l’autonomisation des bumiputera. Une fonction publique malaise s’est engagée à respecter l’agenda malais et à traiter rapidement la paperasserie pour faciliter les choses. La mafia des élites politiques a ses agents et ses exécutants partout où il y a de l’argent à détourner dans le système.

 

Le rapport annuel Knight Frank Wealth Report on the Ultra Rich, défini comme une valeur nette de 30 millions de dollars américains (139 millions de RM), classe la Malaisie parmi les dix premiers pays en termes de taux de croissance. Alors que la population mondiale d’ultra-riches a diminué de 602 553 en 2021 à 579 625 en 2022, celle de la Malaisie a augmenté de 659 en 2021 à 721 en 2022.

 

Remerciements à Michel Prévot

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