Le plus grand scandale financier de l’histoire de la Malaisie est en train de marquer un tournant dans l’histoire moderne du monde bancaire. Alors que le financier Jhow Low au cœur de cette escroquerie massive du fonds souverain malaisien (plusieurs milliards de dollars détournés) est toujours en fuite, la banque américaine Goldman Sachs va payer des milliards de dollars en pénalités en Malaisie, aux États-Unis et à Hong Kong pour son rôle dans le pillage du fonds 1Malaysia Development Berhad.
Goldman Sachs a admis le 22 octobre devant la justice américaine avoir versé des pots-de-vin à des fonctionnaires malaisiens dans le cadre d’un scandale qui a renversé le dirigeant du pays Najib Rajak. Goldman Sachs avait joué un rôle de premier plan dans l’ingénierie financière douteuse qui a contribué à déclencher une crise financière. Son histoire de 151 ans est parsemée de scandales qui se sont terminés par des amendes ou des réprimandes gouvernementales. Mais jamais auparavant elle n’avait dû se présenter devant un juge américain et admettre sa culpabilité.
Mea culpa public
La banque, l’une des plus puissantes entreprises de Wall Street, a admis jeudi dans un tribunal fédéral de Brooklyn que sa filiale malaisienne avait commis un acte criminel, mettant ainsi un terme à une affaire de corruption à l’étranger d’envergure mondiale.
Les employés de Goldman, a déclaré la banque, ont pris part à un plan visant à payer un milliard de dollars en pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers. La banque, à son tour, a organisé la vente d’obligations pour réunir 6,5 milliards de dollars qui devaient bénéficier au peuple malaisien, mais qui ont été pillés par les dirigeants du pays et leurs associés.
En fin de compte, le scandale, qui a rapporté à la banque des frais de 700 millions de dollars, coûtera cher à Goldman et à ses dirigeants actuels et anciens. La banque elle-même paiera plus de 5 milliards de dollars de pénalités aux régulateurs du monde entier, soit plus que ce qu’elle a dû payer pour le colportage d’obligations garanties par des hypothèques risquées il y a dix ans. Et elle a décidé de récupérer ou de retenir 174 millions de dollars de rémunération des dirigeants, ce qui est rare pour une banque de Wall Street.
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