L’anthropologue Sophie Lemière se bat, en Malaisie, pour les enfants dépourvus des droits les plus élémentaires. Nous lui avons proposé d’expliquer sa démarche et son action. Rendez-vous en octobre pour le démarrage de ses opérations.
Quelle est l’origine de votre projet ?
J’ai découvert cette problématique au cours de mon travail avec notre organisation partenaire Lawyers for Liberty (LFL) qui représente depuis de nombreuses années des familles de parents adoptifs et des orphelins devenus adultes dans leurs démarches pour obtenir des documents/nationalité. J’ai rencontré plusieurs d’entre eux et ai pris la mesure de l’ampleur des violences institutionnelles commises par l’état à l’égard de ces enfants. Il m’est alors apparu clairement que le problème est extrêmement méconnu car le sujet est tabou. En effet, la résistance de l’administration à reconnaître les orphelins comme citoyens à part entière réside dans une logique ethno-nationaliste et moralisatrice. Les orphelins et les enfants “trouvés” sont à tort considérés soit comme les enfants de migrants entrés illégaux, soit les enfants “du péchés” nés d’union hors mariage.
Bien évidemment la situation est tout autre ; l’état oblitère totalement les réalités sociales du pays notamment les grossesses de jeunes adolescentes, ou encore la précarité des mères célibataires. Et l’administration bafoue les droits de l’enfant et sa propre constitution. Plus récemment la Commission des droits de l’homme Malaisienne a publié un rapport de 300 pages sur l’apatridie en Malaisie ; ne contenant que 2 pages concernant les orphelins. Nous avons alors décidé de combler ce manque d’information en menant une recherche de terrain et sur la base d’une étude des cas que nous recevons. Nous voulons que notre étude permette une prise de conscience des organisations internationales et du gouvernement. Mais cela n’est pas suffisant, nous voulons aussi saisir la conscience de chacun, globalement, pour créer un véritable mouvement pour mettre fin à l’apatridie des orphelins Malaisiens.
C’est avec cette ambition à cœur que j’ai décidé de réaliser un film documentaire, une source d’information incontestable et une voix globale pour le changement.
– Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Notre projet démarre en octobre grâce à des financements internationaux. Nous sommes maintenant en phase de finalisation des accords avec nos partenaires locaux. Et nous lançons très prochainement une campagne de financement participatif sur Ululule.com afin de financer le matériel nécessaire à la réalisation de notre film documentaire.
– Quels sont vos projets maintenant ?
L’urgence est de réunir les fonds suffisants à l’acquisition du matériel nécessaire au film.
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