«Un an après l’élection, des promesses non tenues»: tel est le titre du dernier rapport de l’organisation Human Rights Watch consacré à la Malaisie. Selon HRW, le gouvernement malaisien devrait accélérer le rythme des réformes des droits de l’homme que la coalition au pouvoir avait annoncées dans son manifeste électoral. Le 9 mai 2018, les Malaisiens ont voté pour l’alliance d’opposition Pakatan Harapan dirigée par l’actuel Premier ministre Mahathir Mohammad, poussant l’Organisation nationale des Malais (UMNO) à sa première défaite électorale depuis l’indépendance en 1957.
«Il y a un an, le gouvernement de Pakatan Harapan a pris le pouvoir en s’engageant à faire respecter le bilan de la Malaisie en matière de droits de l’homme dans le monde explique Phil Robertson, directeur adjoint de l’Asie à Human Rights Watch. Mais le gouvernement n’a pas fait grand chose pour tenir ses promesses et a même annulé les réformes annoncées en matière de droits.»
Le manifeste de Pakatan Harapan promettait des changements radicaux, notamment la réforme des principales institutions gouvernementales et la révocation des lois répressives.
Parmi les lois à abroger figurait la loi sur la sédition héritée de l’époque coloniale ; la loi sur la prévention de la criminalité, qui permet la détention illimitée sans procès ; et la loi sur le Conseil national de sécurité, qui confère au Conseil national de sécurité de larges pouvoirs d’urgence.
Le gouvernement de Pakatan Harapan a initialement pris des mesures concernant son programme de réformes.
Il a mis en place un comité des réformes institutionnelles et a élaboré une feuille de route détaillée pour la réforme juridique et administrative.
Le gouvernement a décrété un moratoire sur l’utilisation de la loi sur la sédition et a annoncé publiquement qu’il abolirait la peine de mort sous toutes ses formes.
Le 28 septembre, le Premier ministre Mahathir Mohamad a pris la parole devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York et s’est engagé à ce que la Malaisie ratifie les principaux instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Cependant, après six mois, le programme de réformes du gouvernement a fait long feu, a déclaré Human Rights Watch.
Face aux objections d’une opposition politique véhémente composée de l’UMNO et du Parti Islam se Malaysia (PAS), le gouvernement a annulé ses engagements en matière de droits.
Le moratoire sur l’utilisation de la loi sur la sédition a ainsi été levé, or cette loi notoire a été à maintes reprises utilisée par les gouvernements précédents pour arrêter et emprisonner des opposants politiques.
Peine de mort
En octobre 2018, le gouvernement avait promis d’abolir la peine de mort en Malaisie. Cependant, en mars, le gouvernement a renoncé à sa promesse, acceptant uniquement d’éliminer les dispositions relatives à la peine de mort obligatoire.
Le gouvernement a indiqué qu’il adopterait cette réforme plus restrictive au cours de la session parlementaire de mars/avril, mais a ensuite échoué.
Le gouvernement n’a pas non plus progressé dans la mise en place d’une autre réforme clé, à savoir la création de la Commission indépendante d’examen des plaintes concernant l’inconduite de la police (IPCMC).
Pour plus d’information, consultez le site de Human Rights Watch (en anglais).