Tuer pour la Corée du nord ne vous expose pas à de longues peines de prison en Asie du sud-est. vendredi 3 mai, la dernière suspecte vietnamienne détenue en Malaisie pour avoir participé au meurtre de Kim Jong-nam, demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a été libérée. Les poursuites pour meurtre ont été abandonnées. Des négociations entre les autorités de Kuala Lumpur et celles de Pyongyang avaient lieu depuis plusieurs semaines.
Qui est Doan Thi Huong, 30 ans, libérée vendredi 3 mai par les autorités de Malaisie ?
Est-elle une meurtrière zélée, qui savait parfaitement ce qu’elle faisait lorsqu’elle participa, le 20 février 2017, au meurtre de Kim Jong-nam à l’aéroport de Kuala Lumpur ?
Ou a-telle été dupée, croyant juste asperger le demi frère de l’actuel dirigeant nord-coréen d’un agent neurotoxique ?
Le résultat est en tout cas limpide.
Les pressions diplomatiques vietnamiennes (officielles) et nord-coréennes (en coulisses) ont payé.
La jeune femme avait été condamnée à une peine de trois ans et quatre mois de prison par la Haute cour malaisienne de Shah Alam. Sa libération vendredi tient compte de la détention provisoire effectuée et de remises de peine pour bonne conduite.
Sa coaccusée indonésienne, Siti Aisyah, 27 ans, avait bénéficié d’une libération surprise le 11 mars.
Un agent mortel
Kim Jong-nam était mort après avoir reçu sur le visage du VX, un agent neurotoxique, version hautement mortelle du gaz sarin considérée comme une arme de destruction massive.
Au cours du procès, on avait pu voir sur une vidéo les deux femmes s’approcher de la victime qui attendait un vol, et l’une d’entre elles placer ses mains sur son visage. Puis elles s’étaient enfuies toutes deux dans les toilettes avant de quitter l’aéroport.
Les deux femmes avaient rejeté les accusations pesant contre elles.
Elles avaient expliqué avoir été piégées par des agents nord-coréens et pensaient participer à une farce pour un jeu télévisé.
L’assassinat avait provoqué une crise diplomatique entre Kuala Lumpur et Pyongyang, avec expulsion réciproque des ambassadeurs et interdiction faite aux ressortissants de l’autre pays de quitter le territoire.
Les tensions ne se sont apaisées que lorsque la Malaisie a accepté de rendre la dépouille de la victime à la Corée du Nord.