L’ultime effort du Premier ministre malaisien Muhyiddin Yassin pour préserver sa position via la promulgation d’un décret d’urgence semble être dans l’impasse après le refus du Roi de la fédération de promulguer ce texte. Le souverain a demandé, au lieu d’approuver la politique du gouvernement, de cesser de se chamailler, de s’attaquer à la pandémie et d’approuver rapidement le budget 2021.
Muhyiddin aurait offert de démissionner suite au refus du roi, mais là aussi, l’enlisement a suivi. Selon les observateurs de la politique malaisienne, le clan au pouvoir qui dépend de lui l’a supplié de rester.
Muhyiddin, qui a lutté pendant huit mois de chaos politique, doit passer un test parlementaire pour le budget 2021, prévu le 6 novembre après la reprise des travaux du Parlement le 2 novembre. Il a survécu jusqu’à présent en évitant une séance plénière du Parlement. Le président qu’il a installé à refusé les motions de censure précédentes. Le Premier ministre détient une majorité bancale de deux sièges. Si le Parlement ne parvient pas à adopter le budget, cela signifie qu’il y a une motion de censure, obligeant le gouvernement à démissionner pour de nouvelles élections générales.
Le retour négocié d’Anwar
L’UMNO s’est réunie pour discuter des conditions de partage du pouvoir avec Muhyiddin et pour soutenir son budget 2021. Il semblerait que Najib Razak, ancien président de l’UMNO et Ahmad Zahid Hamidi, l’actuel, ont conclu une alliance avec Anwar Ibrahim, chef de l’opposition.
C’est la crise budgétaire imminente, et la probabilité qu’il ne puisse pas obtenir l’approbation, qui a poussé Muhyiddin à demander des pouvoirs d’urgence pour suspendre le parlement, en citant comme raison la résurgence d’une troisième vague d’infections à Covid-19 et “l’instabilité politique”.
Les experts constitutionnels, les juristes, les médecins, la société civile, les fonctionnaires à la retraite et le grand public étaient contre une urgence fabriquée de toutes pièces pour la survie politique d’un gouvernement non élu. Le pays n’est pas confronté à des menaces de sécurité, à des émeutes ou à l’effondrement de l’ordre social. Les groupes concernés ont fait circuler des pétitions sur les médias sociaux afin d’empêcher la déclaration de l’état d’urgence. Le roi a finalement tranché. Pour le moment.
Remerciements à Michel Prévot
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