Le village de loisirs Mimosa , qui reconstitue un village alsacien dans ses moindres détails tout en proposant des restaurants, des boutiques, des animations et des activités pour la détente et le plaisir, ouvre ses portes. Situé sur Sukhumvit, à la sortie de Pattaya, après Jomtien, nul doute que son concept original va draîner les foules.
Mimosa Sukhumvit Road, en face de l’Ambassador Hotel.
Après la Toscane à Khao Yai et la Grèce à Cha-am, c’est au tour de l’Alsace et de l’une des plus belles villes de France, Colmar, d’être à son tour clonée, à Pattaya cette fois. Ces reconstitutions architecturales souvent étonnantes de réalisme font fureur en Asie où les promoteurs rivalisent d’imagination pour attirer les touristes dans ces nouveaux « shoppingland » au romantisme Vieille Europe. Reportage dans la « Cité de l’Amour » siamoise.
Nicky vient nous accueillir dans le grand hall qui lui sert de show-room. C’est d’ici que cette femme d’affaires atypique supervise, entourée d’une petite équipe, la construction de « sa » ville, baptisée Mimosa. Nous nous rendons sur le chantier, à quelques mètres de là. Les pluies incessantes de ces derniers jours ont rendu le chemin boueux. Deux rangées de bâtiments délimitent la « rue principale » de la petite Colmar. Des ouvriers s’affairent à enraciner de gros arbres feuillus tous les cinq mètres. Sur les toits fortement inclinés, des couvreurs posent les répliques de tuiles « en queue de castor » utilisées en Alsace.
Derrière les maisons à colombages dont le verni du bois a coulé sur les murs, un mini canal accueillera bientôt un couple de cygnes. Les cigognes, elles, sont déjà là, représentées sous forme de fresques murales et d’ornements figés sur le rebord d’un toit. Des détails, comme cette enseigne de magasin en fer forgé ou ces vignes grimpantes, que Nicky a photographiés l’été dernier lors de son seul séjour dans la cité médiévale alsacienne. Reçue par l’adjointe au maire, son projet a suscité un intérêt poli. Mais le « jumelage » ne semble pas encore pour demain, malgré le coup de projecteur utile dont peut bénéficier Colmar sur le continent asiatique. Trois autres pays ont déjà une réplique grandeur nature de la ville alsacienne, dont la Malaisie. En Chine, ce sont même de véritables quartiers d’habitation à la mode de Versailles ou Florence qui ont vu le jour, voire des villages entiers comme celui d’Hallstatt, en Autriche. Au point où certains se demandent si l’Union Européenne ne devrait pas protéger ce patrimoine par un label « Village d’Origine Protégé »…
Loin de toutes ces considérations patrimonio-culturelles, notre femme d’affaires, tombée sous le charme de Colmar en cherchant sur Internet un modèle de ville romantique, a confié les plans de Mimosa à un cabinet d’architectes de Bangkok qui a travaillé à partir de photos. Une tour carrée et son clocher, une place, des allées commerçantes, des restaurants, une fontaine, des bancs et même un « hôtel des insectes »…: le décor est planté, à la sortie Sud de Pattaya, juste en face de l’impressionnant hôtel Ambassador et ses 4210 chambres, emplacement stratégique sur la « route des attractions » (Mini Siam, Floating Market, aquarium..) doté d’un parking de mille places pour accueillir les bus des tours opérateurs chinois et russes, cibles privilégiées.
Fontaine musicale
Mimosa accueillera plus de 200 espaces boutiques, cafés, restaurants, glaciers, ainsi qu’un hôtel de 28 chambres au cœur de la « ville » et un salon de massage. Souvent décrits comme des centres commerciaux dans un décor de cinéma, Nicky s’en défend et préfère parler d’un « lieu de divertissements, d’émerveillement, de plaisir et de romance » que les visiteurs ne manqueront pas d’immortaliser en échange d’un droit d’entrée. Preuve en est, elle nous montre les fondations du grand hall qui accueillera les nombreuses attractions prévues, dont une salle de cinéma en 7D, une salle de jeux, des auto-tamponneuses « Formule 1 », un « palais des horreurs », un autre de miroirs, ou encore, sur la place centrale, une fontaine musicale avec son et lumières importée d’Allemagne. Une parade, un festival international d’artistes de rue, des défilés en costumes médiévaux, des musiciens, accordéoniste, viendront parfaire l’animation. « Nous espérons plus de 10 000 visiteurs par jour », précise-t-elle. En attendant, seulement quelques semaines séparent ce chantier colossal de la date d’ouverture qu’elle s’est fixée. Mais Nicky semble sereine et sûr de son fait.
Success Story
La réussite de Nicky pourrait passer pour un conte de fée. Au point qu’elle a fait l’objet de nombreuses émissions télévisées et articles de presse qui en ont fait une célébrité. Originaire de Chayaipon, dans le Nord-Est du royaume, elle a grandi entourée d’une mère commerçante, d’un père fonctionnaire des Chemins de fer et de ses trois jeunes frères. Adolescente, elle se révèle transsexuelle et part poursuivre ses études universitaires à Bangkok où elle obtient une licence d’anglais. Pour pour payer ses cours, elle travaille comme superviseur chez Pizza Hut. Son diplôme en poche, Nicky trouve une place de réceptionniste dans un hôtel de Pattaya. Elle y restera trois ans, avant de devenir guide. La jeune femme apprend vite et, à 26 ans, elle monte sa propre agence de voyage. Les affaires marchent bien, mais elle décide de reprendre ses études et retourne à Bangkok suivre une formation de six mois. Elle veut devenir agent immobilier.
De retour à Pattaya, elle crée Nick Real Estate. Pendant deux ans, elle ne vend rien et commence alors à douter. C’est à ce moment que sa vie va basculer. « Un client qui venait d’acquérir un appartement m’a demandé de le rénover. Il l’a ensuite re- vendu avec une forte plus-value. Puis d’autres ont suivi. Moi, je ne touchais qu’une petite commission sur la transaction. J’ai alors mis toutes mes économies dans l’achat d’un appartement que j’ai retapé et revendu quatre mois plus tard. C’est comme ça que tout a commencé. » Tout va alors très vite. Son sens des affaires et son intuition font merveille. Pattaya connaît un boum immobilier sans précédent et en 2001, elle entre dans le top 10 des agents immobiliers de Pattaya. Elle rachète alors un hôtel qu’elle rénove et le remplit avec les clients de son agence de voyage qu’elle a gardée. Trois ans plus tard, elle le revend en empochant au passage une plus value de 40 millions de bahts ! Son histoire commence à se faire connaître et elle est invitée sur les plateaux de télévision pour raconter comment, elle, Katoy et sans argent, est devenue une femme d’affaires à succès. Une chaîne nationale vient même la filmer dans sa propriété de 5 raï nichée sur les hauteurs de Jomtien où elle vit seule avec son fils adoptif, sa servante et son jardinier. Elle a pour voisin Paradorn Srichapan, l’ancienne star de tennis thaïlandaise…
Mais Nicky n’a cure de ce statut de célébrité du troisième genre. Restée très simple, accessible, elle consacre son temps libre à élever son fils et fuit les mondanités. C’est lors d’un voyage à Khao Yai qu’elle visite Palio. Ce village italien reconstitué sur le modèle de l ‘architecture toscane, est devenu en quelques mois une étape incontournable sur le chemin du parc national. Les visiteurs affluent, mitraillent, déambulent dans les ruelles qui regorgent de petites boutiques où l’on vend de tout. L’illusion est parfaite.
De retour à Pattaya, elle décide de se lancer dans le projet le plus ambitieux et le plus risqué de sa vie d’entrepreneuse. Après avoir réussi à convaincre ses banquiers et engagé une bonne partie de sa fortune, elle se lance dans un projet de plus d’un demi milliard de bahts. Mimosa était né. Superstitieuse, Nicky a décidé de fixer l’ouverture du complexe le jour de la fin du monde, le 21 décembre 2012… L’inauguration officielle de la « cité de l’amour » aura lieu, elle, le 14 février. Tout un symbole…