Près de 27 000 personnes ont signé une pétition, déposée mardi, au parlement thaïlandais pour réclamer la modification de la loi contre le crime de lèse-majesté. Une législation parmi les plus sévères du monde devenue l’enjeu d’un intense débat de société.

La requête aux 26 968 signataires est la première déposée auprès du parlement, a indiqué le Comité de campagne pour l’amendement de l’article 112 (CCAA). Le parlement n’a pas indiqué si, ni quand, il allait s’en saisir.

La famille royale, qui n’a aucun rôle politique officiel, est un sujet tabou en Thaïlande, où le roi Bhumibol Adulyadej, 84 ans, jouit auprès de certains de ses sujets d’un statut de demi-dieu.

Les poursuites et condamnations pour crime de lèse-majesté, passible de 15 ans de prison par accusation, se sont multipliées depuis le coup d’État militaire de 2006 contre le Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, considéré par les élites de Bangkok comme un danger pour l’institution royale.

De nombreux critiques, en Thaïlande et à l’étranger, estiment que cette loi est une entrave à la liberté d’expression.

Et depuis quelques mois, de nombreuses voix, notamment d’universitaires, se sont élevées pour en réclamer une modification. Mais la sœur de Thaksin, Yingluck Shinawatra, Premier ministre depuis août dernier, a exclu cette éventualité.

La pétition « est une petite victoire parce que des forces puissantes dans la société thaïlandaise – ultras-royalistes et membres-clé du gouvernement- s’y opposent », a estimé Paul Chambers, de l’université Payap de Chiang Mai, notant que la loi était utilisée « comme un outil politique ».

Le dépôt de la pétition intervient à la veille du verdict très attendu dans le procès de Chiranuch Premchaiporn, la responsable du populaire site d’informations Prachatai.

Elle risque 20 ans de prison pour n’avoir pas retiré assez vite dix commentaires publiés en 2008 sur le forum de son site et jugés insultants à l’égard de la monarchie.