Le calendrier offre ces jours ci une drôle de coïncidence. En France, l’écrivain Gabriel Matzneff se retrouve accusé de pédophilie par une de ses anciennes conquêtes, alors mineure âgée de 15 ans, Vanessa Springora. Au même moment, à manille, le centre commercial «Harrison Plaza» auquel le même écrivain avait consacré un livre vient de fermer ses portes. Longtemps haut lieu de rencontres, ce «mall» était depuis des années en déclin, concurrencé par des centres commerciaux bien plus modernes. Mais il faisait, à sa manière, prés du quartier d’Ermita, partie de la mémoire de la capitale de l’archipel.

Alors que l’année 2019 touchait à sa fin, les opérations de l’un des plus anciens centres commerciaux de Manille — Harrison Plaza se sont également terminées.
Le «premier centre commercial à guichet unique» du pays a cessé ses activités mardi après 43 ans. Un «projet massif» s’élèvera à l’avenir sur le site, le long de la rue P. Ocampo.

SM Prime, un locataire de longue date du centre commercial depuis son ouverture dans les années 70, a déclaré en 2018 qu’il investissait au moins 40 milliards de pesos dans le réaménagement de l’ancien complexe commercial.

«Le site sera transformé en un développement à usage mixte comprenant plusieurs tours résidentielles et un centre commercial de classe mondiale, semblable au Podium. Les plans sont actuellement au stade de la conception entrepris par des cabinets d’architectes internationaux de renom », a déclaré mardi le groupe SM.

«Mini ville»

L’artiste Freddie Luna Cruz, qui est locataire depuis l’ouverture du centre commercial en 1976, a rappelé les beaux jours de Harrison Plaza.

«Tout a commencé ici. C’était comme une mini-ville », a-t-il déclaré depuis son stand loué décoré de portraits de sportifs, d’icônes de la culture pop, de magnats et de politiciens.

Cruz a été témoin des hauts et des bas du centre commercial. Il était là quand il a été rasé par le feu dans les années 80, quand il a été rénové, jusqu’au tout dernier jour d’exploitation du centre commercial.

Il fut même un temps où il y avait neuf artistes-locataires à Harrison Plaza, a-t-il dit. L’étal de Cruz a survécu aux magasins.

«À l’époque où Harrison Plaza n’avait pas de compétition, vous pouviez à peine marcher dans cet endroit ! Peut-être que le centre commercial n’a pas pu suivre en raison des nouveaux établissements. Les gens aiment visiter de nouveaux centres commerciaux tout le temps » a déclaré Cruz, qui était également président de l’association des locataires du centre commercial.