Une étude de la Banque mondiale révèle que les étudiants sont pris en otage dans un système rongé par la corruption et le laxisme. Sur fond de pandémie. Le rapport donne un exemple. Mais vu le tollé suscité à Manille, l’institution a présenté ses excuses au gouvernement philippin.
Le monde de Jane Escobedo (nom fictif), 14 ans, se réduit à sa chambre, son téléphone portable et une liasse de leçons qu’elle appelle un “module”. Elle n’a été que brièvement dans une école depuis janvier 2020, d’abord à cause de l’éruption du volcan Taal du 12 janvier 2020, qui a laissé un pouce et demi de sable volcanique sur sa maison, son école et une grande partie du reste de l’État de Cavite aux Philippines.
Un an d’éducation perdu
Si et quand elle retournera à l’école qui lui manque tant, elle aura perdu au moins un an et demi d’éducation et – tout aussi important – la socialisation qui va avec le fait d’être une adolescente. Elle n’a pratiquement pas vu d’enfants depuis la fermeture. Cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas étudié. Mais l’approche des Philippines en matière d’enseignement à distance est un désastre. Pour l’instant, compte tenu du régime de vaccination inégal pour lutter contre le coronavirus Covid-19, il n’y a aucune certitude quant au moment où elle et ses camarades de classe retourneront à l’école.
Des modules qui ne fonctionnent pas
Jane travaille assidûment à ses cours, qui arrivent par “modules” de deux semaines comprenant l’anglais, le tagalog, les sciences et la technologie, et d’autres matières. Et elle a de la chance, car sa famille a une aide ménagère qui a fait des études supérieures. Et contrairement à des dizaines de milliers de ses camarades de classe, elle vit dans un foyer de la classe moyenne supérieure qui a accès à des ordinateurs et autres appareils électroniques.
Mais malheureusement, sans enseignant, les modules sont presque insondables, non seulement pour Jane mais aussi pour ceux qui tentent de l’aider. Elle fait partie des 42,7 millions d’écoliers philippins – de la maternelle au lycée – sur lesquels la crise du Covid-19 a eu un effet destructeur. Comme l’indique un nouveau rapport dévastateur de la Banque mondiale publié récemment : ” La plupart des enfants, en particulier les plus jeunes, ont besoin de la surveillance d’un adulte pendant l’apprentissage à distance “….
Retrouvez ici les excuses de la Banque Mondiale.
Remerciements à Michel Prévot