La seule salle de cinéma occidentale et commerciale de la capitale n’affiche pas une fréquentation record, mais veut continuer son pari en diversifiant son offre.
Deux, un, voire aucun spectateur… Devant le Flicks, en général, on ne se bouscule guère pour acheter les billets. Le lieu, ouvert en juin 2009 dans une élégante maison du quartier de Tuol Sleng, à Phnom Penh, est pourtant attractif : une salle de cinéma avec un écran de taille convenable, quelques coussins confortables et une climatisation particulièrement appréciée pendant la canicule. Mais, alors qu’aucun lieu culturel de la ville ne propose le même type de services, et que les cinémas cambodgiens affichent une programmation presque entièrement réduite à des films produits localement, le Flicks n’a pas décollé comme on aurait pu s’y attendre. « Mon ami et moi sommes venus au Cambodge il y a cinq ans, et nous avions pour projet d’ouvrir une guest-house, indique Jeanette Robinson, jeune Néo-Zélandaise à l’initiative du projet. Mais, en revenant, nous nous sommes rendu compte que l’offre de lieux destinés aux étrangers s’était vraiment développée…
Aujourd’hui, il y a même un stand de tir à Phnom Penh ! Alors nous avons cherché à proposer quelque chose d’autre, un espace de loisir qui ne soit pas focalisé sur la vente de boissons. » Après plusieurs semaines de recherche, le couple repère une maison et entame des travaux pour construire la salle de cinéma. Vient l’inauguration, où l’effet de curiosité joue un temps…puis s’estompe. Pourtant, Jeannette Robinson ne s’avoue pas vaincue. D’abord, selon elle, certaines séances font le plein et attirent « jusqu’à vingt-huit personnes ». « Nous avons mis du temps à trouver la programmation adéquate, pour ne pas faire ce qui était déjà proposé à la Meta House (1), par exemple », indique-t-elle. Aujourd’hui, le Flicks fait cohabiter sur son affiche des blockbusters, des films pour enfants, des documentaires, des grands classiques, des films musicaux…Une partie vient de la collection du couple, assemblée en Nouvelle- Zélande, une autre des marchés de DVD de Phnom Penh. Au risque d’être vulnérable à une éventuelle loi sur le droit d’auteur ? « Je ne connais pas précisément cette question », répond Jeanette Robinson. Pour diversifier son offre, le Flicks propose aussi de louer ses locaux pour des après-midi d’anniversaire, pour les enfants d’expatriés.
Par ailleurs, ses responsables proposent des « séances ouvertes » où les clients peuvent emmener leurs propres DVD pour les projeter. Le ticket, lui, est toujours vendu à 3,5 dollars l’unité (2 dollars pour les enfants de moins de 14 ans). Enfin, pour attirer les spectateurs français, les films projetés affichent des soustitres en anglais. « Même si, ici, on ne peut pas garantir leur qualité », soupire Jeanette Robinson.
ADRIEN LE GAL
Le Flicks, 39 B, rue 95
Tél. : 097 896 78 27
1-Lire Gavroche du mois d’avril.