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Sexe et politique

Journaliste : Fred Salmon
La source : Gavroche
Date de publication : 12/12/2012
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Et pourtant si… Depuis que DSK a eu la mauvaise idée de sortir tout nu de sa salle de bains du Sofitel, il semble que tout un pays redécouvre le charme désuet de ce cocktail détonant dans lequel sexe et politique se mélangent.

 

Les affaires DSK, Tron, Ferry parfument l’air du temps d’une sulfureuse fragrance et on assiste à un véritable déferlement en tous genres. Même le concombre, ce symbole phallique du plus bel effet, aura tenu la vedette au mois de juin, dans un de ces télescopages dont l’info moderne a le secret.

 

Passons sur le cas DSK qui, en cinq minutes d’un oubli fatal, sera passé du statut de puissant de ce monde à celui de détenu vulgaris et accessoirement héros récurrent de série US. À coups de bandes annonces plus longues que le sujet à traiter, on tente de tenir l’auditoire en haleine : il a commandé à dîner chez le chinois du coin, des nouilles sautées au curry et une Tsing Tao, Anne Sinclair est allée faire du shopping et il a plaidé not guilty. On brûlait de l’apprendre. Et Nafissatou Diallo, info ou intox ?

 

On lui aurait bien donné le bon dieu sans confession, à Georges Tron, l’éphémère secrétaire d’État à la fonction publique. Trompé par son air un peu benêt, voire même bête comme ses pieds, qui se doutait que cet éminent spécialiste de la réflexologie plantaire en profitait pour masser, dans un louable souci de perfection, le reste de l’anatomie des jolies jeunes femmes conviées à le rejoindre dans son bureau de maire, fermé à double tour ? Georges Tron, violeur municipal ou victime de la rumeur ?

 

Quant à Luc Ferry, philosophe à brushing, pendant de droite d’un autre philosophe à jabot, il s’en est donné à coeur joie. Dans l’un des talk-shows les plus suivis de la télévision française, il a déclaré tout de go qu’un ancien ministre s’était fait surprendre à Marrakech dans une partie fine avec de jeunes garçons. Dans un pays où la simple évocation d’une délation ravive de si douloureux souvenirs, ce pavé dans la mare dont il est, paraît-il, fier laisse un goût amer. Si l’acte présumé qu’il dénonce doit faire l’objet d’une enquête, que penser de cette méthode qui consiste à jeter en pâture au peuple sur un plateau de télé un représentant de ces élites si décriées ? La montée du populisme à laquelle on assiste partout en Europe s’accompagnera de tous les coups en dessous de la ceinture, et la rumeur jouera son rôle pernicieux de déstabilisation.

 

Alors voilà, nos amis américains, outre le chewing-gum et le Coca, auront donc fini par exporter chez nous leur puritanisme bigot. On peut craindre qu’il n’est plus très loin le temps où le bougre qui aura envoyé via internet une photo de son slip, certes bien rempli, sera contraint de présenter ses excuses à la France entière, comme a dû le faire ce prétendant démocrate à la mairie de New York, avec larmes, remords et contrition télévisées. Le temps béni du respect de la vie privée à la française est bien derrière nous, et il va falloir s’habituer aux titres graveleux d’une presse à scandales dont les actions monteront à concurrence de sa férocité.

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